Les coups de coeur de la team Cinématraque / été 2013, vol.3

C’est encore ou bientôt en salles ; c’est déjà en DVD ; ça tourne sur le web : ce sont les coups de coeur des cinématraqueurs, 5ème édition.

Louise Riousse / Tuez Charley Varrick ! (Don Siegel) / en salles

Après le braquage d’une banque qui tourne mal, Charley Varrick (Walter Matthau) s’aperçoit que l’argent qu’il a subtilisé n’est autre que la propriété de la mafia locale, l’homme n’a alors d’autre choix que de quitter le pays et rejoindre le Mexique. Mais la pègre lance à ses trousses un cow-boy peu scrupuleux (parfait mélange de Brando et Pattinson, avis aux amateurs) afin de remettre la main sur le pactole. Le respect des trois unités dramatiques (temps, lieu et action) a sans doute largement contribué à la concision de l’intrigue et à l’exemplarité de la mise en scène, hissant ainsi Tuez Charley Varrick ! au rang de film culte. En mettant en scène un homme traqué de toutes parts, ne pouvant se fier qu’à lui-même (ses adjuvants disparaissent les uns après les autres), Don Siegel ramasse son propos et lui donne encore un peu plus de force, si cela était possible. Bandit aux bonnes manières, Charley Varrick feint le dépouillement avec brio et ce, comme le film qui porte son nom. Less is more.

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Carine TrenteunMon voisin Totoro / Blu-Ray Ghibli

Même si je ne les aime pas tous, découvrir un film de Hayao Miyazaki me réjouit. En attendant Le Vent se lève, j’ai découvert ce mois-ci Mon voisin Totoro : deux fillettes et leur père déménagent à la campagne pour se rapprocher de leur mère hospitalisée. Nouvelle maison, nouvelle école, nouveau voisinage dont les Noiraudes (pas des vaches, non), un chat aussi déjanté que celui d’Alice au pays des merveilles et les Totoros. Alors que d’autres films d’animation abusent du double sens pour séduire les parents, perdant en route les grumeaux, Miyazaki fait se côtoyer le monde réel et ses difficultés avec les rêves et les croyances pour créer un univers unique et poétique. Un conte tendre, simple, et beau.

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Myriam ZidiMetro Manila (Sean Ellis) / en salles

Oscar Ramirez et sa famille quittent les montagnes, au Nord des Philippines, pour rejoindre la ville, promesse d’un bonheur qu’ils n’ont pas. Pourtant, là-bas, les règles ne sont pas les mêmes, la cruauté s’avère sans limites. Si les femmes sont contraintes de se prostituer pour manger, les hommes, eux, mettent en danger leur vie. Oscar, nouvel employé pour un convoyeur de fond, se retrouve pris au piège d’une arnaque. Pourtant, comme il le crie : « Je n’ai rien fait de mal ». C’est dans un monde sans merci que Sean Ellis, réalisateur de Cashback, fait glisser sa caméra. La beauté des images jure avec la cruauté d’une vie sans issue. Sans être dépourvu de faiblesses, le film a le mérite de raconter l’histoire de ceux à qui ont a retiré tout espoir, de la façon la plus humaine qui soit.

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Viridiana Caimi / Saya-zamurai 

Le pitch se veut farfelu, les personnages sont improbables. Il est question d’honneur et de couardise, de vie et de mort, d’amour et de deuil, d’un fourreau vide, de remèdes placebo et de bonbons multicolores. C’est l’histoire d’un roi magnanime, d’un chevalier plein de peur et de reproches, d’une fille aimante mais indigne et d’un prince-sans-rire. Kanjuro Nomi participe de Don Quichotte et du héros tragique à la fois. Pourtant, son choix n’est pas bien cornélien : tenter de redonner le sourire à un gosse apathique ou souscrire au seppuku. Le ridicule ne le tue pas et le comique de répétition fonctionne. On nage en plein bonheur, mais le film vire de bord et change de ton. On quitte la salle le cœur gros et des étoiles plein les yeux. Saya-zamurai – trivial et sublime.

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Dzibz / Frances Ha / en salles

Ne cherchez pas parmi les (louables, mais bon, bien en deçà de celui-ci…) coups de coeur des collègues cinématraquiens, la véritable bouffée d’air frais, le véritable vent de liberté dans nos jolies salles de cinéma aux sièges rouges et aux musiques d’attente jazzy, c’est, une fois n’est pas coutume, du côté du ciné indé américain qu’il faut aller la chercher. Frances Ha est une demoiselle – exceptionnelle Greta Gerwig – en quête de vie, d’amour et d’eau fraîche, dans un New York sublimé par le noir et blanc, dansotant sur des hymnes de Bowie parfaitement appropriés. On ressort de la salle avec une farouche envie de liberté. Moi, j’ai acheté un vélo, ensuite. A Décathlon. J’en suis satisfait.

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