37 Secondes : Interview avec Mathieu Demy et Jonas Bloquet (Séries Mania)

37 secondes : c’est le temps qu’il a fallu pour que, le 15 janvier 2004, le chalutier Bugaled Breizh coule mystérieusement au fond de l’Atlantique, emportant avec lui les cinq marins de l’équipage : Yves Gloaguen, Georges Lemétayer, Pascal Le Floch, Patrick Gloaguen et Éric Guillamet. Plus de vingt ans après ce drame survenu au large du Guilvinec dans le Finistère Sud, une série d’ARTE tente de retracer les événements de cette affaire qui s’est soldée par plusieurs non-lieux juridiques, le dernier devant la justice anglaise en 2021. Il faut dire qu’au fil de l’enquête, des suspicions de plus en plus fortes ont commencé à se porter sur la possible implication de sous-marins espions de puissances militaires étrangères, ce qui fut loin d’aider la quête de vérité et de justice des familles des victimes.

Pour évoquer leur combat, les showrunneuses Anne Landois et Sophie Kovess-Brun, notamment connues pour leur travail sur Engrenages, ont fait le choix de fictionnaliser leurs identités. 37 Secondes suit le combat de Marie Madec (Nina Meurisse, récemment auréolée d’un César pour sa prestation furtive mais mémorable dans L’histoire de Souleymane), personnage inspiré de Nathalie Gloaguen, belle-soeur d’un des marins disparus, avec l’aide de Christophe Costil (Mathieu Demy), lui même inspiré de l’avocat Christian Bergot, consultant sur la série d’ARTE. Si le choix ouvertement assumé du fictionnel et du romanesque peut surprendre voire inquiéter au départ, les six épisodes de 37 Secondes sont non seulement le récit d’une injustice qui confine au scandale d’Etat, mais aussi celui d’une douleur qui marque encore aujourd’hui les habitants de la région. Pour évoquer les partis pris de cette jolie réussite présentée en compétition française au festival Séries Mania, nous avons pu nous entretenir avec deux des comédiens de la série : Mathieu Demy et Jonas Bloquet, qui incarne Yan Ropars, le compagnon de Marie Madec.

Entretien avec Mathieu Demy : “On ne peut pas vivre avec de la colère toute sa vie”

Avez-vous gardé des souvenirs de l’affaire du Bugaled Breizh, et qu’est-ce qui vous a attiré dans l’idée de faire revivre cette histoire ?

J’avais un souvenir très diffus de cette affaire, mais alors que je commençais à me plonger dans le scénario, j’ai commencé en parallèle à regarder des documentaires. Je me souvenais juste de cette époque la traque du Seattle Trader, un vraquier philippin qui était à l’époque suspecté d’avoir percuté le chalutier, mais qui s’était avéré être une fausse piste. C’était un peu le seul souvenir que je gardais de cette histoire. À la lecture du texte, j’ai redécouvert à quel point cette histoire est passionnante. Déjà parce qu’il n’y a toujours pas eu de résolution, il y a eu deux non-lieux successifs. Cette injustice-là m’a touchée. Et je me suis tout de suite reconnu dans le personnage de Christophe Costil. Je me suis dit “tiens, ça c’est quelque chose qui peut m’animer et me plaire”. 

Le personnage de Christophe Costil que vous incarnez est inspiré de l’avocat Christian Bergot, qui était consultant sur la série. Comment s’est passée votre rencontre avec lui, et vous a-t-elle influencé pour interpréter le personnage ? 

On s’est retrouvés à Brest, on a déjeuné. C’est un homme charmant, vraiment un homme de conviction, comme le personnage écrit. C’est quelqu’un de droit et qui ne sort jamais de sa ligne de défense, même si ça lui coûte beaucoup dans la série. Ça lui a coûté les relations avec l’associé de son cabinet d’avocat, et causé bien des tumultes avec les autres intervenants de la défense. Je lui ai piqué quelques petits trucs avec son autorisation. Je lui ai demandé s’il avait des fetishs, des habitudes quand il plaide, etc. Il m’a expliqué qu’il écrivait tout le temps au stylo à plume par exemple. Mais je pense surtout que Christophe Costil, le personnage que j’interprète, lui rend hommage dans son sens de l’intégrité.

Incarner une version fictionnalisée d’une personne existante, est-ce que cela vous offre une plus grande liberté dans votre interprétation ? 

C’est effectivement un autre personnage, donc à part quelques petites choses, mais qui sont plus comme un clin d’œil, Costil est un personnage de fiction. Il fallait s’éloigner du drame intime de ce qu’ont vécu les gens, pour pouvoir le raconter en tant qu’histoire et que d’autres gens s’en emparent. Je pense que c’était l’approche la plus raisonnable. 

Parmi les partis pris de la fiction, 37 Secondes amène un jeu sur les tonalités, qui apporte une complexité différente de ce que l’on peut attendre d’une série de ce genre. C’est un fait divers, une série politique, mais aussi une chronique sociale, et même une romance sur certains points. Ca doit être libérateur pour un acteur de ne pas incarner seulement une fonction, mais un personnage à multiples facettes.

Ce personnage a une arche très intéressante, un enjeu personnel, qui est celui d’apprendre à plaider à nouveau après s’être pris un revers terrible au pénal. Il s’embarque à la fois dans un défi professionnel mais aussi une histoire sentimentale avec Marie Madec (Nina Meurisse). Les personnages comme Costil sont les personnages les plus intéressants parce que parce qu’ils évoluent tout simplement en portant quelque chose d’intime. Tous ces à-côtés apportent beaucoup de richesse, et pour moi, c’est ce qui constitue une bonne série. On peut l’attraper de plusieurs manières, quels que soient ses goûts. C’est aussi ce qu’offre la longueur du format de la série, on peut creuser des histoires parallèles que ne peuvent pas creuser le cinéma. 

Parlez-moi justement de la relation de votre personnage avec Marie Madec, qui constitue le véritable fil rouge de la série. Comment avez-vous travaillé avec Nina Meurisse pour nourrir chacun de vos personnages ? 

On voulait vraiment rester sur le texte parce que cette relation était écrite tout en pudeur vis-à-vis de Marie qui a déjà une famille, une petite fille… Lui ne veut pas court-circuiter le cours de l’enquête avec des choses plus personnelles, car son tempérament n’est pas de forcer les choses. Il s’agissait de rester tout le temps sur un fil. Et je crois qu’on s’est vraiment concentrés là-dessus, ce qui était facile car Nina est une actrice très sérieuse et très généreuse. 

La série est en grande partie tournée au Guilvinec, là où le Bugaled Breizh a coulé, et dans ses environs. Quelle importance cela avait pour vous de tourner sur place, d’y rencontrer des gens qui avaient vécu ce traumatisme et qui portaient encore en eux la colère de ne pas avoir de dénouement ? 

Tout le monde au Guilvinec connaît cette histoire encore aujourd’hui, même ceux qui n’étaient pas nés à l’époque du drame. Cette histoire est encore présente partout. Par contre je ne pense pas avoir ressenti tant de colère sur place, ça fait tellement longtemps que chez les gens sur place, la colère a laissé sa place à d’autres choses ?

À de la résignation peut-être ? 

Forcément un petit peu, c’est ce que montre la série d’ailleurs. Tout le monde a fait tout ce qui était possible pour faire toute la lumière sur cette histoire et ils ont quand même été à la fin confrontés à ces non-lieux. Quand on voit qu’il n’y a plus rien à faire, c’est vital même de passer à autre chose, et c’est ce que raconte aussi la série. Le traumatisme est encore là, incontestablement. Mais je pense que c’était nécessaire pour faire leur deuil aussi, de “passer à autre chose”. On ne peut pas vivre avec de la colère pendant toute sa vie.

C’est la première fois de votre carrière que vous incarnez un avocat, un rôle très apprécié des acteurs parce que vous partagez ce même goût pour l’art oratoire. C’était un type de rôle que vous attendiez de longue date ou c’est simplement la bonne occasion qui s’est présentée ?

C’est l’occasion, je pense. Quand j’étais petit, je voulais être pompier. J’attends un rôle de pompier ; ça, ça serait sympa. Mais je ne pense pas avoir de prédisposition à jouer quelque rôle que ce soit. C’est ça qui est marrant aussi dans ce métier, s’immerger dans un univers,  dans le monde qu’on vous propose. C’est sans doute un trait que l’on partage avec les avocats. Un avocat qui prend un dossier, ce n’est pas forcément un expert en chalutier.

Avez-vous réalisé une préparation particulière pour les scènes de plaidoirie ?

J’ai beaucoup répété les plaidoiries avec une répétitrice formidable qui s’appelle Léa Moussy. On a travaillé ensemble sur le langage à employer et sur une certaine manière de faire sur il fallait construire cette fébrilité de l’enjeu personnel de Costil, celui de remonter sur scène. Et sinon, effectivement, j’en ai un peu parlé avec Christian Bergot. Et puis se replonger dans tous les à-côtés de l’enquête, les éléments, ça permet de se nourrir du plus d’éléments possibles et se faire son intime conviction. 

Vous avez souvent dit à propos de votre personnage que ses enjeux était comme celui de quelqu’un qui doit remonter en selle après être tombé de cheval, un peu comme un cow-boy de western en quelque sorte…

Un héros de western, ouais, Kevin Costil (rires). 

Mais au-delà de cela, le personnage de Christophe Costil est marquant par son sens de la droiture morale. Comment on s’approprie une telle vision du monde en tant qu’acteur ?

J’essaie de mener mon existence avec le plus de rigueur possible, en tout cas de faire les bons choix autant que faire se peut. Un personnage comme celui-là m’a inspiré parce que ce genre de personnages fait grandir. Je ne connais pas très bien Christian Bergot mais c’était l’impression qu’il me renvoyait. C’est un vrai héros, un héros très discret, sans effet de manche. Il faut se laisser, en fait, émouvoir. Il faut se laisser inspirer par les choses. C’est un vrai gentil. Ça me fait penser au discours de Karim Leklou aux César sur les vrais gentils. J’avais trouvé ce discours très beau et très important. 

Ce n’est pas la première fois que vous jouez dans une fiction à portée sociale, d’ailleurs la dernière fois qu’on vous avait vu à Séries Mania, c’était pour Oussekine, il y a deux ans. Selon vous, qu’apporte la fiction par rapport au documentaire ou d’autres formes narratives à une histoire comme celle du Bugaled Breizh ?

Une fiction comme une série, c’est un art populaire : quand elle est réussie, quand le public est là, elle peut provoquer une très forte mobilisation. Si on a l’ambition de faire connaître les choses, de pointer du doigt une injustice, de faire peut-être bouger un peu les lignes, ou simplement de faire réfléchir sur un sujet, je pense que le cinéma ou la série sont des bons outils, qui peuvent être plus efficaces. Les podcasts par exemple, c’est passionnant, mais souvent un peu plus confidentiel, et je dis ça sans aucun jugement de valeur

L’aventure de 37 Secondes a commencé à un moment où le verdict du jugement en Angleterre n’était pas encore rendu ; Anne Landois et Sophie Kovess-Brun nous avaient confiés qu’elles espéraient à l’époque que la série fasse bouger les lignes. Et sans trop en dévoiler, la série évoque l’espoir des proches des victimes mais aussi la tentation de la résignation, notamment à travers votre personnage. Comment vous, vous vous positionnez sur les éventuelles retombées de la série sur une possible réouverture de l’affaire ?

Je dois reconnaître que je fais un peu le même constat que mon personnage dans l’ensemble, même si j’aimerais croire à une autre issue. Il y a une part de moi qui a envie de croire que tout ça peut servir à quelque chose, parce que j’ai envie de croire que la fiction sert à quelque chose. J’ai envie de savoir que mon métier n’est pas tout en bas de la pyramide des besoins humains, comme certains veulent nous faire croire. On a besoin aussi de rêver, on a besoin de fiction, ça fait partie de quelque chose de très important, je pense. Je suis peut-être de nature plus sceptique ou plus lucide que ça, mais je me force à continuer à rêver. Et je me dis que si un des 115 militaires du Recover, le sous-marin américain, qui a été présumé présent dans la Manche en septembre 2004 au moment de l’accident, si un des marins m’entend et qu’il ou elle a envie de parler, ce serait une sorte de petit miracle.

Entretien avec Jonas Bloquet : “On ressent immédiatement ces vies entièrement bâties autour de la pêche et des bateaux”.

Comment Anne Landois et Sophie Kovess-Brun vous ont-elles contacté pour ce projet, et qu’est-ce qui vous a attiré dans l’histoire du Bugaled Breizh ?

Pour être parfaitement honnête, quand je passe le casting et que je suis pris, on me dit que la chaîne me veut, la réalisatrice (Laure de Butler) me veut, mais il faut d’abord attendre l’aval de Mathieu Demy pour une question d’équilibre de personnages. Mathieu a très vite dit oui, et c’est là que je découvre les six épisodes. Ce qui m’a le plus attiré, c’est le combat de ces personnages pour essayer de trouver la vérité sur une période aussi longue. J’ai trouvé ça très romanesque et très courageux de leur part.

Votre personnage a un peu le mauvais rôle dans la série pour ainsi dire. Il est rongé par la culpabilité, qui impacte sa relation avec sa compagne. Et dans cette espèce de triangle amoureux qui se forme, c’est le personnage avec lequel le spectateur n’a pas forcément toujours une accroche immédiate…

Ça a été le challenge principal dont nous avons discuté avec Laure. C’était important pour moi d’essayer de trouver justement ce point d’appui, de trouver la fragilité de ce personnage qui va faire qu’on va quand même finalement un petit peu s’accrocher à lui et l’apprécier. Pendant les premiers épisodes, c’est une sorte de balourd avec sa jambe dans le plâtre, quelqu’un d’hyper passif, qui retient un peu sa femme chez lui où il n’en fout pas une, qui ne s’occupe pas de son foyer ou de sa fille. Donc je me suis dit “oulah, personnage compliqué à défendre”. Avec le temps, avec ce qu’il traverse aussi, j’ai réussi à trouver un petit filon, une fragilité, une vulnérabilité. C’est quelqu’un qui apprend, au fil des épisodes, à lâcher prise et à dire à Marie “Fais ce que tu as à faire, vis ta vie, mais sache que je serai toujours là”. Et c’est là-dedans que j’ai réussi à trouver mon bonheur à interpréter ce personnage plus profond et plus touchant que ce qui peut paraître.

Est-ce qu’à la première lecture du scénario vous avez ressenti cette même difficulté à percer la carapace du personnage de Yan ? 

Ce personnage m’a permis de réfléchir au genre de mari que je veux être, d’autant plus que comme lui je suis jeune papa. Je l’ai vu comme un personnage des années 2000, une époque où on ne se posait pas les questions qu’heureusement aujourd’hui on se pose. Sa blessure l’a fait vriller, mais elle a aussi ouvert justement cette carapace et l’a obligé à devenir un autre homme, à accepter sa condition. On voit qu’il est à la fois fier de sa femme mais qu’il a à la fois peur de son indépendance, peur de la fuite dans laquelle elle est en train de se lancer. Et puis quand même, on parle d’un homme qui a perdu son frère, sa famille, son cocon, sa carapace. 

Cette complexité se retrouve particulièrement dans sa relation avec Marie. Comment avez-vous travaillé avec Nina Meurisse pour nourrir la double dynamique entre vos deux personnages ?

J’ai trouvé cette dynamique de personnages très intéressantes, entre lui qui est assez passif, qui est dans l’immobilité alors qu’elle qui est dans la fuite à la fois vers l’avant, mais aussi dans la fuite de son regard à lui. J’étais toujours comme en train de pivoter autour d’elle. Et c’était très intéressant à jouer parce que du coup, je devais suivre le rythme de Nina. Elle imposait une sorte de rythme d’énergie et de jeu. Et moi, je devais suivre ce rythme-là. Je n’avais jamais vraiment travaillé comme ça, mais c’était très intéressant et finalement, on a réussi à trouver cet équilibre. Et ce qui était important aussi pour Laure, c’est qu’on trouve une sorte de crédibilité dans ce “vieux jeune couple”. Ils se sont rencontrés à 16 ans, maintenant ils en ont 35. Ils ne sont pas spécialement vieux mais à l’échelle de leur vie, c’est une éternité.

Yan se sent non seulement dépossédé de son couple, mais aussi de son statut social. Même s’il n’est pas à proprement parler marin, il est pleinement au cœur de cette communauté, de ce petit monde, Est-ce qu’un marin qui ne peut pas monter sur un bateau, c’est comme un acteur qui ne peut pas jouer ? 

Je pense que dans chaque rôle qu’on va avoir la chance d’interpréter, on arrive toujours à trouver le petit truc qui, dans notre propre vie, va nous aider à se projeter dans le personnage. Plusieurs fois, j’ai vécu ça dans ma propre vie, que ce soit dans l’incapacité de faire mon métier parce que je ne trouvais pas les castings, j’ai connu l’attente, le combat continuel, l’impression de ramer, de ramer, de ramer… Ces sentiments violents, cette jalousie, on les a tous un peu vécus, heureusement pas toujours à la même échelle.

Tout l’équipe de la série a insisté sur l’importance pour eux de tourner au Guilvinec, sur les lieux même du naufrage du Bugaled Breizh. Comment vous êtes-vous de votre côté approprié ces lieux et l’histoire des gens que vous avez rencontrés sur place ?

Contrairement à certains acteurs, je n’ai pas rencontré la personne dont mon personnage s’inspire. D’ailleurs j’ai quand même rencontré Christian Bergot, mais après le tournage. En revanche, une des premières scènes que j’ai tourné dans ce petit port du Guilvinec, c’est une scène dans le bar. Je ne connais plus son nom ni par qui il était tenu, mais je sais que c’était la même famille depuis des années et des années, des gens qui connaissaient l’histoire du Bugaled Breizh par cœur. On ressent immédiatement ces vies entièrement bâties autour de la pêche et des bateaux. Et ça, ce sera toujours mieux que de tourner que de tourner devant le moindre fond vert.

Vous avez à ce propos évoqué pendant le point presse l’impact émotionnel d’une scène comme celle de l’enterrement. Est-ce qu’il y a des moments dans un tournage où, même quand on est préparé du mieux qu’on peut, la réalité d’une histoire rattrape la fiction ? 

D’une certaine manière, ça m’a beaucoup aidé. On arrive dans cette église qui n’est pas vraiment au Guilvinec, mais c’était en bord de mer. Je me souviens juste que c’était l’église de Saint-Guénolé. Il y avait énormément de vent, une tempête de vagues qui tapait au dehors, une fine pluie dehors. Et là on est rentré dans cette église dont le toit était formé par une coque de bateau. On est dans un décor magnifique avec des vitraux incroyables et des figurants qui sont tous bretons, qui sont tous liés à cette histoire, et qu’on sent hyper impliqués par cette atmosphère. Forcément, ça nous met dedans tout de suite, on n’a pas besoin de se créer, d’imaginer quoi que ce soit, on a juste à être dans ce moment. 

La série prend le parti pris d’assumer une part conséquente de fiction, de ne pas se confronter à un aspect purement documentaire des événements. Qu’est-ce que selon vous la fiction apporte au récit de l’histoire de ces personnes ? 

Personnellement, ça m’a apporté une certaine liberté dans l’interprétation du personnage de Yan Ropars, tout en restant fidèle aux émotions. Je peux plus facilement y apporter ma propre vision. Parfois quand on est trop proche de la réalité, on se sent un peu bridé. La fiction peut amener plus de force, plus de caractère. 

Vous avez évoqué le fait que ce rôle est tombé à un moment de votre vie, où vous venez d’être père. De quelle manière cela vous a aidé à composer ce personnage ? 

Je pense que je l’aurais composé de la même façon quoi qu’il en soit. Mais quand on devient papa, il y a des nouvelles capsules qui s’ouvrent, des nouvelles émotions qu’on ressent de manière décuplée. Tout devient plus facile, plus évident. Ça aide aussi à travers certains jours de tournage un peu difficiles. Ça n’en a pas l’air mais ce jour de tournage à l’église où l’on enterre son frère, ça peut être lourd psychologiquement. 

Comment vous positionnez-vous par rapport au dénouement de cette histoire ? Est-ce que vous avez espoir aussi que que la fiction puisse contribuer à faire que les choses changent, même marginalement, ou est-ce que vous pensez qu’elle est là surtout aussi pour refermer les plaies ? 

Je pense que la fiction permet davantage d’apaiser les douleurs. Quand Anne et Sophie ont écrit cette histoire, je pense pas qu’elles aient eu envie de rouvrir à proprement parler l’affaire, je pense qu’il s’agissait avant tout de raconter ce qui s’est passé de la manière la plus honnête possible. Je pense surtout malheureusement, que les enjeux politiques autour de cette affaire sont beaucoup trop mystérieux et puissants pour qu’une fiction télé puisse y faire quoi que ce soit.

37 secondes, série d’Anne Landois et Sophie Kovess-Brun avec Nina Meurisse, Mathieu Demy, Jonas Bloquet, disponible depuis le 26 mars sur Arte.tv et diffusée sur ARTE les 3 et 10 avril

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