Kelly Reichardt a donc l’honneur de terminer la compétition officielle de cette édition du Festival de Cannes. Même si, il faut bien l’avouer, c’est plutôt une place maudite étant donné que la Croisette est alors déjà bien vide et que tous les regards sont déjà tournés vers la cérémonie de clôture.
Ajoutons à cela que Kelly Reichardt n’est pas connu pour son cinéma tapageur et nous pouvions craindre que The Mastermind passe complétement sous les radars. Et effectivement c’est un peu ce qu’il se passe. Reichardt n’a pas abandonné son style en cours de route et filme avec sobriété et un brin de malice l’histoire de ce père de famille au chômage qui décide de voler des tableaux du musée du coin.
Plutôt qu’un casse minutieux à la Ocean’s eleven, c’est un vol mené par des bras cassés que raconte Reichardt dans une scène très drôle qui lance la fuite en avant du anti-héros joué par un très bon Josh O’Connor. La galerie de personnages du film est très sympathique, même si on aurait aimé qu’ Alana Haïm ait un peu plus de choses à jouer que la femme en colère. On se demande cependant assez rapidement pourquoi le film s’attache à nous montrer les galères de ce loser assez désagréable qui ne semble penser qu’à son propre intérêt bien avant ceux de sa femme ou de ses enfants ? La mise en scène délicate de Kelly Reichardt ne suffit en effet pas à maintenir notre intérêt éveillé sur cette histoire de ratés.
C’est de manière inattendue que le film réussit à gagner une profondeur supplémentaire. Tout au long du film, qui se déroule dans les années 70, de petits indices sont glissés pour nous rappeler que cette époque aux Etats-Unis est marquée par de nombreuses luttes civiques dans un pays qui mène la guerre au Vietnam. Ce qui semble être un simple décor d’époque prend de plus en plus de consistance tout au long du film jusqu’au final très malin qui récolte ce que le film a semé à notre insu.
Petite histoire sans prétention The Mastermind arrive par ses interprètes et par son écriture malicieuse à conclure de manière satisfaisante ce festival. Étant donné le peu de concurrence dans cette catégorie, il pourrait même valoir à Josh O’Connor un prix d’interprétation. De là à dire que c’est un film qu’on retiendra de cette édition du Festival de Cannes, il y a un pas que nous ne franchirons pas.
The Mastermind, un film de Kelly Reichardt, avec Josh O’Connor et Alana Haïm, date de sortie en salles inconnue