Close : Larmes fatales

C’est quand le festival touche à sa fin et que les organismes commencent à fatiguer, que les organisateurs ont décidé de programmer Close, le deuxième film très attendu du réalisateur belge Lukas Dhont. Ce choix audacieux n’a pas manqué de créer la séance la plus lacrymale du festival avec un nombre très important de yeux rougis et de mines dévastées une fois les lumières rallumées.

Le thème de ce film à haute teneur émotionnelle est l’amitié très forte qui relie deux jeunes garçons. Les premières scènes nous les présentent comme inséparables, partageant tous les petits bonheurs qui font l’enfance jusqu’à leur premier jour de collège. Là, des remarques de camarades de classe sur leur éventuelle homosexualité fait voler en éclats leur insouciance et met en péril leur lien si unique.

Lukas Dhont installe rapidement avec brio la structure narrative de son film. L’histoire est racontée dans une succession de scènes assez courtes qui suivent la routine quotidienne des jeunes enfants. Car qu’est-ce que l’enfance sinon une journée qui se répète à l’infini ? On verra donc tout au long du film le chemin pour aller à l’école, l’école, le sport, la maison, l’heure du coucher mais à chaque fois les variations engendrées par les événements modifieront la couleur émotionnelle de chacun de ces moments. Avec une structure aussi simple qu’efficace, Lukas Dhont peut déployer son récit, et s’intéresser à la façon dont les personnages vivent avec le chagrin. Pour cela, respectant le titre de son film, il place sa caméra au plus près des visages, captant la sensibilité de ses fantastiques acteurs Emilie Dequenne et surtout Eden Dambrine, qui se place en grand favori du prix d’interprétation.

Dans ce registre délicat, Close évite heureusement les poncifs mélodramatiques et les scènes trop convenues par des subtils jeux d’ellipse et de hors-champ. Il serait cependant erroné de prétendre que le film est tout en retenue. Toute la trajectoire du film est en effet pensée pour susciter l’émotion chez le spectateur. Dans sa musique, dans son montage, dans sa direction d’acteurs Close semble être pensé uniquement dans cette dimension affective. Certains y verront alors une forme de manipulation du spectateur bien peu libre de ses émotions, d’autres salueront l’efficacité incontestable du long-métrage dans la peinture des sentiments. A la sortie de la séance, nous aurions quant à nous, plutôt tendance à nous situer dans la deuxième catégorie. Sans occulter le côté programmatique du film, force est de reconnaître qu’il crée de la beauté tout en faisant exister avec simplicité ses personnages, qui semblent grandir devant nous.

Sensation de la fin du festival, Close est l’un des prétendants à la Palme cette année. Peut-être un peu trop facile dans son mécanisme émotif très appuyé, le film par sa structure, par ses personnages et par ses acteurs reste une réussite qui installe Lukas Dhont dans les noms à retenir de cette 75ème édition.                     

Close un film de Lukas Dhont avec Emilie Dequenne, Eden Dambrine et Marie Drucker

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