17 Blocks : Black Lives really fucking Matter

Présenté lors de l’édition virtuelle de 2020 du Champs Elysées Film Festival (gratuit et accessible à tous depuis hier, malgré des soucis de connexions parfois ça reste stylé profitez-en bisous), le documentaire 17 Blocks de Davy Rothbart commence par un hasard.

C’est en 1999 que le journaliste rencontre deux frères sur un playground de Washington D.C, en train de jouer au basket. Emmanuel a 9 ans, et Smurf 15 ans. Pas de panique pour le deuxième, c’est un surnom, sa mère ne l’a pas appelé Schtroumpf pour de vrai. Nous rencontrons ensuite leur sœur Denice, et bien sûr leur mère Cheryl. La famille Sanford vit dans la pauvreté à seulement dix-sept blocs de la Maison Blanche…

À partir de cette rencontre, Rothbart décide de chroniquer la vie de leur famille et leur donne même accès aux caméras ; les images qui sont alors compilées s’étendent sur vingt ans… Jusqu’à aujourd’hui. Un article sur Tribeca le comparait ainsi au célèbre film de Linklater, appelant ce documentaire « Boyhood in da hood ». Mouais.

Cette chronique est maladroite par moments. les 100 minutes de vidéos qui restent au montage de vingt ans de la vie d’une famille déchirée par les drames que connaissent malheureusement énormément de familles afro-américaines, ne sont pas toujours bien structurées. Par moment, on peine à voir l’intention du réalisateur ; que veut-il montrer ? Comment rester factuel, comment filmer tout en se forçant à rester distant ?

Malgré cela les images, selon l’intention, frappent ou touchent le spectateur de par leur vérité. Il est déchirant de voir Cheryl, la mère, être incapable de s’éloigner de la drogue. Et bien sûr, il est effroyable de voir l’un des enfants mourir bien trop jeune lors du documentaire. Plusieurs séquences qui suivent cette mort injuste (elles le sont trop souvent dans les communautés noires, il suffit de suivre l’actualité du moment pour s’en rendre compte) sont absolument renversantes, puisqu’elles installent la banalité de cette disparition.

C’est-à-dire que pendant vingt ans, nous voyons un monde où la mort fait partie du quotidien. Dans les marges du monde construit par le pays, là où les minorités continuent de périr à petit feu. Si le documentaire échoue à prendre une véritable position politique sur le sujet à l’image, il y répond assez bien grâce à son tire : tout se passe à quelques kilomètres à peine de la Maison Blanche. Tout un symbole ; puisque pendant vingt ans, c’est comme si rien ne changeait. Comme si l’extérieur n’existait même pas…

17 Blocks est diffusé en France par le Champs Elysées Film Festival.

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