[Ciné-club 8] Let My People Go !

Récemment, se tenait la huitième édition du ciné-club de Cinématraque. Pour l’occasion, nous recevions Mikael Buch, qui nous faisait l’amabilité de venir présenter Let My People Go !
Chaque mois, à l’occasion du ciné-club, nous proposons à un spectateur de nous livrer son sentiment sur le film. Un grand merci, cette fois-ci, à l’amie Delphine Cazus.

Février. Les bonnes résolutions de l’année tiennent toujours, ça tombe bien, j’ai pu en mettre une à jour : me voilà à la Barricade pour le ciné-club de Cinématraque. Je n’en ai loupé que sept, c’est encore rattrapable. Je suis une petite novice donc toute émerveillée par le lieu, une minuscule salle de projection en sous-sol, avec une légère ambiance catacombes, ils sont swag chez Cinématraque. C’est le premier long métrage de Mikael Buch qui est mis à l’honneur. Le titre, il sonne bien : Let My People Go !, un petit air biblique qui rend curieux quant à sa place dans une comédie française. Moi, quand le titre me plaît, je fais une confiance aveugle. Et (pour une fois) j’ai eu bien raison !

Déjà, bonne surprise : on retrouve un beau panel d’acteurs, avec une mention spéciale pour le personnage principal Ruben, interprété par Nicolas Maury. Fou amoureux d’un Finlandais, Teemu, Ruben se retrouve, suite à un malentendu et une grosse somme d’argent supposément sale, éjecté par son amoureux de leur conte de fées. Il est contraint de revenir sur sa terre natale, la France. Mais sa terre natale, c’est surtout l’appartement et le commerce de ses parents, genre de cocon étouffant où Ruben reprend sa place de fils homosexuel écrasé par les traditions et la culture juives. L’autre délice, c’est Carmen Maura, l’effigie de Pedro Almodóvar (mais moi c’est surtout chez Carlos Saura que je l’aime). C’est ma madeleine de Proust, et apparemment aussi celle de Mikael Buch, qui a en partie grandi en Espagne.

Sinon, le film, il a l’air de quoi? Mikael Buch le dit lui-même, son film, c’est une liste de Noël avec tout ce qu’il rêvait d’y mettre : des acteurs fétiches de son enfance (Maura donc, mais aussi Stévenin : une interprétation des parents de Ruben haute en couleur). Un lieu mi-réel, mi-imaginaire avec la Finlande : sorte d’emblème de la fuite des racines juives de Ruben (« Finlande », comprenez « le bout du monde » si vous le lisez phonétiquement et dans un bon franglais). Et puis, dans sa liste, il y a surtout cette liberté au niveau de la narration : on suit le parcours de Ruben en plein chaos personnel et, cet effet chaotique, on le retrouve dans la mise en scène, avec des scènes délirantes de jeux télévisés, des dialogues qui frisent parfois l’absurde ou encore des flashs-backs matérialisés par des saynètes burlesques.

Comme tout conte de fées qui se respecte, Let My People Go ! c’est aussi une belle histoire d’amour, ou plutôt de belles histoires d’amour avec Ruben comme point de départ (son amour pour Teemu mais aussi pour sa famille, pour sa religion).

Let My People Go ! c’est surtout un film sur la libération de carcans familiaux et religieux avec de l’humour et beaucoup de tendresse. Ruben, en pleine affirmation de lui-même, guide son peuple (sa famille en l’occurrence) vers une nouvelle ère où il peut enfin être accepté comme homosexuel et juif à la fois.

Un Moïse des temps modernes, la barbe en moins et l’homosexualité en plus. Merci Mikael pour le cadeau de Noël ! Fais vite une autre liste.

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