American Nightmare 5 : la purge infinie

Quand il n’y en a plus : il y en a encore ! La Purge disparaissait à la fin du troisième opus de la franchise American Nightmare, avec l’arrivée au pouvoir d’une femme présidente. Le duo de candidats d’Elections, avec sa subtilité pachydermique, rappelait évidemment l’opposition entre Donald Trump et Hillary Clinton – et le coup de massue qui a frappé l’Amérique, puis le monde, quelques mois plus tard. La résurgence des nationalismes encouragée par l’ambiguïté du message présidentiel, « Make America Great Again », est sans l’ombre d’un doute ce qui a encouragé James DeMonaco (créateur de la franchise) et son producteur Jason Blum à mettre en chantier le cinquième American Nightmare. Et cette fois-ci, la Purge est « sans limites ».

On ne s’embarrasse pas beaucoup pour justifier le retour de la Purge, d’ailleurs. En quelques secondes, le générique d’introduction nous situe huit ans après les événements du troisième volet, et présente le retour au pouvoir des Nouveaux Pères Fondateurs de l’Amérique… De facto, la Purge est réinstaurée selon ses règles originelles. Les mouvements suprémacistes résurgents font craindre des débordements de la Purge annuelle. Pourtant tourné en 2019 (et retardé d’un an car : le Covid-19), American Nightmare 5 : Sans limites rappelle inévitablement l’assaut du Capitole par les partisans de Donald Trump, alors que Joe Biden était sur le point d’être officiellement déclaré Président. Et si tout avait bel et bien basculé ?

Sans limites part donc sur d’intéressantes prémisses : la promesse d’envisager des États-Unis menacés comme jamais par des groupuscules extrémistes tout en permettant à la franchise un vent de renouveau plutôt bienvenu. Comme pour Les Origines, James DeMonaco délaisse la réalisation et garde la casquette de scénariste. Il laisse la main à Everardo Gout, réalisateur et producteur télévisuel dont il s’agit du premier long métrage. Exit également les grandes villes américaines : après Los Angeles et l’île de Staten Island, on passe au fin fond du Texas et à la frontière mexicaine. Nos héros, eux, sont Adela et Juan (Ana de la Reguera et Tenoch Huerta) un couple d’immigrés mexicains qui travaille dans le ranch d’une famille aisée – et blanche. La Purge se déroule, tout va pour le mieux… mais le lendemain, tout dérape.

Ce qui est un peu con avec American Nightmare, c’est que ça fourmille de bonnes idées… sans jamais vraiment savoir comment les appliquer. C’est jamais vraiment subtil, on le sait, et on reste plutôt pour le spectacle. Là aussi, Sans limites est assez décevant: l’image ultra-lumineuse de Gout (qui change radicalement de la nuit éternelle des précédents volets) et beaucoup trop « propre » donne, au pire, l’impression d’être dans un film The Azylum, au mieux dans un téléfilm de l’après-midi tellement c’est laid. Les affrontements et effusions de sang – souvent ponctuées d’effets en CGI, ne sont pas non plus du plus bel effet. Là où l’on s’amusait quand même un minimum dans les précédents opus, on est ici sur un pilote automatique total, avec des personnages dont on ne retient strictement rien.

Le seul truc drôle, c’est évidemment le renversement de l’American Dream (subtilité pachydermique, encore) : Adela et Juan pensaient vivre leur rêve en traversant la frontière vers les États-Unis… et c’est finalement le Mexique qui se propose de recueillir les américains voulant échapper à la Purge. C’est drôle hein ? C’est subtil hein ? Dommage que la toute fin, qui ressemble plus à un préquel de The Handmaid’s Tale et à la naissance de Gilead, expédiée, elle aussi, en quelques secondes, soit là aussi ce qu’il y a de plus intéressant : la possible chute des États-Unis tels que nous les connaissons. Qu’à cela ne tienne, puisque James DeMonaco planche évidemment sur un sixième opus – alors que celui-ci devait être le dernier – où reviendrait Frank Grillo (héros des deuxième et troisième opus) et où la Purge pourrait devenir mondiale. Une des pistes de la série dérivée (The Purge, disponible sur Amazon Prime Video), annulée au bout de deux saisons. Chez Jason Blum, après tout : rien ne se perd, tout se transforme.

American Nightmare 5 : Sans limites, réalisé par Everardo Gout et écrit par James DeMonaco. Avec Ana de la Reguera, Tenoch Huerta, Josh Lucas. En salles le 4 août 2021.

About The Author

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.