Festival les Yeux Ouverts : 4ème édition

C’est aussi ça, l’esprit Cinématraque. On n’allait quand même pas directement se jeter dans le festival de Cannes, le strass et les paillettes des protocoles sanitaires de papy Thierry… Non. Avant ça, on va plutôt vous parler de cinéma plus confidentiel. Celui qui mérite vraiment d’être entendu, contrairement à celui de la Croisette qu’on aime aussi hein, mais qui… Bon. On se sait.

C’est au détour d’une rue du 14ème que l’on tombe, peut-être par hasard pour certains, sur le Village Reille. Autrefois, il y avait un couvent ici… Et par autrefois je veux dire avant avril 2021. Soit il y a huit décennies, en temps relatif de covid. Depuis c’est la coopérative Plateau Urbain qui a investi les lieux : pendant quinze mois, des activités collaboratives et artistiques verront le jour. Les lieux sont également utilisés par deux associations qui s’occupent d’hébergement précaires : Aurore et Caracol. Il faut en profiter tant que le décor est encore intact (et magnifique), car cela ne durera pas : un article du Parisien révèle que le promoteur n’a pas spécialement l’intention d’être tendre avec le patrimoine…

Avant les festivités, le calme en plein Paris.

C’est dans ce bel endroit qu’a lieu la 4ème édition du festival Les Yeux Ouverts. Organisé par le collectif Lundi Soir, qui accompagne les projets de réalisations toute l’année, notamment par des ateliers d’écriture les… Lundi soir, cela ne s’invente pas, la célébration annuelle revient après une année blanche (tmtc). Cela se présente sous la forme de « rencontres documentaires », c’est-à-dire qu’en plus de découvrir des films et des œuvres sonores, on en discute. On théorise, on échange. Car en plus d’une belle programmation de courts-métrages documentaires ainsi que de créations sonores surprenantes, les trois journées du festival sont aussi chargées en activités réparties dans les différentes zones du Village Reille. J’y ai fait un petit tour pour vous, histoire de respirer un peu l’air des arts entre deux journées de travail pénibles. Et entre deux projections et interventions, j’en ai profité pour prendre une petite bière, car la qualité d’un festival se mesure aussi (surtout) aux éclats de rire que l’on partage autour d’une boisson (alcoolisée ou non, pas de jugement ici du moment qu’on s’hydrate bien).

Ça se met BIEN

Ce vendredi, nous avons pu découvrir dans l’ancienne bibliothèque du couvent plusieurs courts-métrages sélectionnés pour cette édition. Bien installé dans un fauteuil, à côté de livres montrant l’ouverture d’esprit des anciennes occupantes des lieux (des livres d’histoire sur le Japon ou l’islam) ou tout à fait l’inverse (du Elizabeth Levy), on a plutôt flashé sur Travaux #1 de Jules Follet. Le cinéaste s’est emparé d’une sorte de fait divers : un travailleur de chantier est décédé d’un accident de travail, et ses camarades ont ensuite enchaîné les pépins et les emmerdes. Ils se sont mis à faire des cauchemars… Trois de leurs rêves sont racontés en voix-off et accompagnés d’images filmés au téléphone sur le chantier, de moments plus ou moins surprenant, et plus ou moins mis en scène. Gardez les yeux bien ouverts cependant pour le passage où on voit un motherfucking ours.

Enfin nous avons également apprécié Tenace, de Timothée Engasser et Jean-Baptiste Barra, qui révèle en image et en musique sans paroles la solidité des structures de béton et autres matériaux qui font les habitacles de nos vie, et Foyers, histoires véritables de pyromanes mises en scène par Paul Heintz dans un travail très appréciable sur la manière dont l’image se construit en réponse à la parole. Ce ne sont que trois films parmi tant d’autres présentés sur les trois jours, en plus des séances d’écoutes dont on dit beaucoup de bien également. Si je pouvais conseiller un autre film durant le weekend, il s’agirait de Au revoir Bilal, de Phane Montet, qui est diffusé le dimanche… Puisque je l’ai déjà vu plusieurs fois et qu’il m’a beaucoup touché. Mais comme je connais la cinéaste personnellement je me dois de vous prévenir que mon avis est biaisé ! Ceci étant dit, allez le voir quand même.

De nombreuses activités sur les trois journées donc. Dans le réfectoire par exemple, le samedi matin, le collectif Monobloc organise un atelier de création sonore pour le cinéma et permet ainsi de réfléchir aux rapports qu’entretiennent le son et l’image. L’idée est de déconstruire le lien entre image et son, pour mieux comprendre comment chacun fonctionne séparément… Et ensemble. Le dimanche a lieu également une table ronde de retours d’expériences de réalisateur.ices et producteur.ices sur leurs premières productions, ainsi qu’un atelier d’écriture qui se focalise sur la création d’un dossier de film. Le festival Les yeux ouverts est bien un lieu de cinéma émergent, dans tout ce que le terme a de positif : c’est un lieu de rencontre et des possibles.

Toutes les infos ici : http://lundisoir.org/index.php/edition-2021-2/

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