Mickey and the Bear : bingo du ciné indé US

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Si je vous dis d’imaginer dans votre tête un petit film indépendant américain réalisé sans la moindre thune, vous pensez à quoi ? A une histoire de blancs pauvres et dépressifs dans le pays rural ? C’est normal, pas besoin d’aller voir votre docteur pour un IRM du cerveau. C’est comme si je vous demande d’imaginer une comédie française populaire ; si vous pensez à un truc beauf et discriminant qui rit de mais jamais avec, ce n’est pas de votre faute, c’est celle du cinéma et de ses tendances.

Mickey and the Bear fait donc partie de cette veine de cinéma qui s’intéresse au coeur de l’Amérique, et à ses traumatismes : Mickey est une adolescente qui s’apprête à finir le lycée, et qui hésite à abandonner son père, vétéran alcoolique et accro aux médocs, incapable de se débrouiller sans elle. C’est lui, l’ours du titre : l’animal à double tranchant par excellence, celui que l’on associe à la peluche et au confort et à la violence et à la sauvagerie sans pareille.

Il n’y a à priori rien de très original dans cette première réalisation pour Annabelle Attasiano – jeune scénariste et réalisatrice qui a sûrement dû galérer pour en arriver là vu que ses parents sont entre autres les créateurs de Dr House -, et l’on pourrait même jouer au bingo du cinéma indé des relations familiales chez les pauvres. Le père qui oublie l’anniversaire de sa fille ? Check. La fille qui donne à son père de quoi pouvoir acheter la bouffe ? Check. Le père qui se la joue good cop/bad cop en permanence face aux amoureux de sa fille, parfois accueillant parfois horrible ? Double check.

« Tu continues à critiquer mon film je vais te maraver la gueule fissa. »

Et pourtant, Mickey and the Bear a son charme. Il sonne juste, déjà, dans son traitement, et témoigne d’une véritable envie de démontrer la complexité d’une relation parasitée par le traumatisme et le manque d’argent ; bien sûr que l’amour ne fait pas tout, et surtout pas pour des gens dans le besoin.

Mais ce qui fait surtout fonctionner le film, c’est la performance irréprochable de James Badge Dale dans le rôle du père ; depuis que nous l’avions découvert en comparse de Jack Bauer dans 24H il y a plus d’une décennie (putain je suis vieux), l’acteur a gagné en nuances, en force, en émotion. La majorité de son jeu passe par les yeux, et l’on comprend très vite la richesse de ce personnage d’ancien militaire perdu, qui ne sait plus quoi faire de sa virilité et qui en fait donc n’importe quoi. Mickey and the Bear n’est donc pas déplaisant, même si on est loin de ce qu’ont pu proposer d’autres réa ces dernières années, notamment Chloé Zhao.

Mickey and the Bear, de Annabelle Attanasio, avec Camila Morrone et James Badge Dale, sortie ACID à Cannes.

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