Never-Ending Man : Hayao Miyazaki. Papy fait de la résistance

Cinématraque vous a souvent parlé de la fin des studios Ghibli, et de ce qui les ont suivi pour le monde de l’animation japonaise. Nous vous en avions touché un mot lors de notre compte rendu du Carrefour de l’Animation du Forum des Images en 2017, mais aussi lors des sorties des films Mary et la fleur de la Sorcière, et du très beau Okko et les Fantômes. Pour autant, on n’avait pas encore eu l’occasion d’aborder le sujet sous l’angle le plus évident, important et essentiel : celui de Hayao Miyazaki.

C’est grâce à un journaliste de la chaîne NHK nommé Kaku Harakawa (et au distributeur EuroZoom pour la France) que nous avons donc la chance de plonger pour quelques 70 minutes dans l’intimité du plus célèbre réalisateur de cinéma d’animation depuis un certain Walt Disney. Tout commence lorsque Miyazaki annonce sa retraite, à 72 ans. Nous sommes en 2013, et mêmes les plus sceptiques commencent à se dire que ça y est, cette fois papy Totoro va s’arrêter pour de bon. Les studios Ghibli sortent un dernier film dans la foulée (le magnifique Souvenirs de Marnie), puis les nombreux talents qu’ils contiennent s’éparpillent dans la nature. Cependant Kaku Harakawa, lui, n’est pas dupe. Il sait que Miyazaki est tout bonnement incapable de lâcher le crayon. Dans le film, la retraite dure environ dix minutes ; cette condensation narratrice résume bien l’évidence, l’homme et l’artiste ne font qu’un. S’il s’arrête de dessiner, il s’arrête de vivre.

Harakawa propose donc au spectateur de découvrir les coulisses d’une vie que l’on pensait inaccessible. Soyons honnêtes, avant de découvrir ce film nous n’avions même pas imaginé qu’un tel projet puisse exister ; sans doute parce que le spectre de l’artiste Miyazaki est si écrasant, il est difficile de l’imaginer seul dans sa cuisine, en train de se préparer des ramen. Et pourtant, vous allez en voir un paquet dans ce film, des scènes de cuisine ! Attention cependant, si vous êtes curieux de voir le maître à l’ouvrage, vous ne serez pas non plus en reste. Chacune des séquences le montrant au travail avec sa nouvelle équipe de jeunes animateurs révèle un homme perfectionniste au plus haut point, qui refuse de se plier à la moindre contrainte. S’il pense qu’un personnage doit être animé d’une façon, il n’acceptera aucun compromis et ne lâchera rien tant que le mouvement ne sera pas parfait. Puis il rentrera chez lui, fera ses courses et fera à manger pour lui et Harakawa.

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« Mais que faire du temps qu’il me reste ? »

Le récit balance sans arrêt entre le nouveau projet – un film d’animation numérique (!!!!!) – du réalisateur, et sa vie quotidienne. Le choix n’est pas anodin, il construit un fil narratif qui rend impossible de dissocier l’homme du créateur. Comment ne pas entrevoir cette entreprise casse-cou de se confronter à l’animation numérique après avoir passé une vie entière à crayonner à la main comme une réaction face à la conscience de la mort qui approche ? C’est peut-être la thématique la plus marquante de ce long-métrage documentaire. Non seulement Miyazaki n’arrête pas de parler de la difficulté qu’il éprouve à accomplir son travail alors qu’il ressent le poids des années peser dans ses mains et dans ses crânes, mais en plus il est confronté à la mort en permanence. Car comme toute personne âgée de 72 ans, Miyazaki perd des proches régulièrement et semble même se sentir coupable de rester en vie… Dès lors, c’est comme si relever ce nouveau défi d’animation serait à envisager comme une manière de justifier sa présence sur Terre. On sort de Never-Ending Man instruit, ému mais sans sentiment de gêne, parce que la caméra sait rester pudique malgré tout. Et on apprécie son œuvre encore plus qu’auparavant, ce qui nous semblait impossible… En attendant de pouvoir découvrir Boro la Chenille, ce nouveau projet aux airs de renaissance.

Never-Ending Man : Hayao Miyazaki, de Kaku Harakawa, en salles le 2 Janvier 2019

https://www.youtube.com/watch?v=907jR4R8omo

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