Ocean’s 8ers gonna hate

Gneu gneu gneu, Ocean’s 8 est un film féministe tout raté gneu gneu ouin il y avait 8 femmes à l’affiche gneu bouse-office gneu gneu.

Alors déjà, non. Je viens de voir Ocean’s 8, réalisé par Gary Ross, et puis aussi de faire un tour sur quelques critiques du film, et je suis de bonne humeur et crève de rire.

Personnellement, je l’ai adoré et ne peux que conseiller ce film qui est divertissant, bien rythmé et vraiment bien joué. On reviendra sur ça après, mais d’abord, il faut parler de l’accueil que se prend ce film. Je pensais qu’on avait fait s’écouler toutes les male tears de l’internet avec le remake de Ghostbusters, mais alors là. Wouah ! C’est tout simplement ridicule, d’autant qu’on est sur une suite et pas un reboot et que ça fonctionne très bien.

Quand y en a marre des réunions tupperware alors tu voles la tête d’affiche d’une franchise entière avec ton gang de meufs

Commençons donc par spoiler un petit coup histoire de situer. Debbie Ocean (Sandra Bullock) sort tout juste de prison (après une scène identique à celle de l’iconique Ocean’s Eleven) après avoir menti sur ses intentions une fois sa liberté retrouvée. En fait, dun dun duuuun, elle va a prévu de devenir une vilaine féminazie.

Ah non. Pas du tout, elle va juste continuer sa vie criminelle de braqueuse. Comme son frère avant elle. Et pourtant, là, ça pose un problème alors que vous étiez tous en train d’applaudir George Clooney y a quelques années pour la même raison en lui donnant du high-five buddy.

Surprise ! Debbie Ocean n’est qu’une vulgaire criminelle obsédée par le fric et pas par l’idée d’émasculer les vilains z’homs !

Pour réaliser son nouveau casse, à savoir voler le collier de la Reine (plus ou moins), elle a besoin de monter une équipe avec, en guise de général, Lou Miller (Cate Blanchett), qui tient une boite de nuit, conduit des motos, porte des costards mieux que ton mec (peut-être une des raisons de toutes ces male tears) et qui est super, mais alors super intello. Une fois convaincue, elle l’aide à rassembler les autres assets de leur gang, de la hackeuse Nine-Ball (Rihanna) à la créatrice de mode cheloue Rose (Helena Bonham Carter), en passant par l’experte en diamants Amita (Mindy Kaling) et la pickpocket perchée Constance (Awkwafina). Et je pourrais m’arrêter là, mais je ne peux que me délecter de citer plus de personnages importants féminins, comme l’actrice et arnaque sur pattes Daphne (Anne Hathaway) ou Tammy, une ancienne amie receleuse (Sarah Paulson). Ah ! Ça fait du bien !

Et une fois tout ça de fait, elles se mettent à l’ouvrage, suivent à la lettre un plan ingénieux et bien roulé, surmontant même les aléas qui se présentent à elles et… oui bon, elles font ça entre meufs. Ah oui, car on a bien introduit un personnage masculin à un moment avec un prénom, Claude Becker (Richard Armitage), mais bien qu’étant l’ex de Debbie, il ne fait pas avancer l’intrigue par lui-même et la force de ses muscles des bras et n’est qu’un rouage de l’entreprise. Je sais, remettez-vous-en, ça fait bizarre au début, mais ça ne fait vraiment pas de mal !

Une fois qu’elles s’en sont sorties haut la main, Debbie arrive même à piéger son ex, qui l’avait lui-même envoyée en prison et la boucle est bouclée. Et le plus beau, c’est qu’elle ne le fait pas pour lui, ni même pour elle, mais comme elle le dit si bien avant le casse : « faites-le pour la gamine de 8 ans qui rêve d’être une criminelle dans son lit en ce moment même. »

« Son mot de passe pour son blog de critique ciné c’était azertygrosmusclemascu » « lol ce fragile » !

Enfin bref, tout cela pour dire que le film ne porte même pas d’étendard féministe à la base, qu’il ne passe pas son temps à mettre des coups de tampon « FEMEN » sans subtilité, il l’est. C’est tout. Dans son essence même, un film qu’on peut qualifier de féministe si l’on veut, mais sans oublier qu’il s’agit surtout d’un film de casse. Parce qu’il propose un casting principal composé de femmes, toutes bien définies, avec des identités uniques et reconnaissables, et qu’elles ne passent pas leur temps à planifier leur vie autour d’un mec ! Qu’elles soient motivées par le fric, par leur besoin d’être entourées et se sentir part de quelque chose de plus grand, qu’elles n’aient rien de mieux à faire ou plus rien à perdre ; le désir de vengeance de Debbie sur Claude est tout menu tout fin à côté de toutes les motivations du monde qu’ont ces femmes, tout comme des mecs les ont eu dans un tas de films avant elles sans qu’on les conteste.

Ocean’s Eight passe haut la main le test de Bechdel,

Et c’est peut-être pour ça que plein de grands critiques ne peuvent plus s’asseoir depuis une semaine. Parce que comme l’a dit Brie Larson la semaine dernière, c’est sûr que si 8 critiques sur 10 sont des hommes blancs, pour la plupart âgés, l’avis final de la Critique avec un grand C (c’est aussi l’initiale de « connerie » et « concombre » en passant) risque d’être biaisé. Et mon dieu, en essayant de trouver justement quelques critiques, je n’ai pas été déçue par l’idiotie ou/et le manque de fond (et la mauvaise foi) de certains.

« Alors je lui ai dit : oui bien sûr Gérard mon rouge à lèvres est de cette couleur, car je me suis baignée dans le sang de tous les hommes, car vous êtes tous des vilains et moi je veux que règne les femmes, à condition de le faire en Louboutin. » « mékilécon »

Attends, tu veux dire que le héros porte une robe ? Et des talons ? Mais c’est un braqueur ! Mais il a une cagoule, non ? C’EST UNE FEMME ?!

Démontage de l’« argument » rencontré numéro 1 : oui alors Ocean’s 8, le réal il a confondu un catwalk de la Fashion Week avec film de casse gneugneu. Ah bah oui. Hein ! Quelle idée de ne pas mettre tous les personnages en costard sombre ou même en tenues noires avec cagoule et sac avec un dollar imprimé dessus ! Ça aurait été subtil ça hein ! Maintenant personne ne comprend plus rien, parce que les gens sont trop bêtes, et que c’est bien connu que si tu mets pas tous les braqueurs (qui sont ici des braqueuses, du coup, c’est déjà compliqué, car le genre féminin ne se prête pas au film de casse) en masque Dali et combi rouge, bah on va pas les identifier ! Alors imaginez, nom d’une pipe en bois, si l’on met les braqueurs en robes et qu’on en fait en plus des braqueuses… C’est bien connu que tu ne peux pas être jolie et intelligente, porter du Dior et être une femme d’affaires, être passionnée par la mode et la physique quantique. Par contre, t’as le droit d’aimer les grosses motos, d’être un père aimant, tout en étant professeur à Harvard et en ayant le temps de promener le chien de ta voisine en consultant les recettes véganes que tu vas cuisiner à ta douce maman ce soir, EN MÊME TEMPS et ça choque personne. Mais tu ne portes pas de Louboutin, juste des Crocs. Car la mode, ça n’a jamais fait bon ménage avec quoi que ce soit d’autre que des filles écervelées ! Surtout pas des braqueuses badass ! Ouloulou, mais que fait la police !

Et bien elle n’arrête pas les braqueuses badass ! Car la team de Sandra Bullock est douée ! Enfin… Pas d’après l’« argument » numéro 2 : super crédible ce scénario, genre vas-y qu’elles peuvent voler un collier en diamant en utilisant les charmes d’une actrice, à d’autres Jean-Paul. Oui, parce que c’est vrai que tout le monde s’est insurgé qu’El Profesor arrive à préparer un casse de plusieurs milliards (et non pas millions) d’euros en portant ses lunettes moches (j’aimerais savoir ce qu’Anna Wintour pense de son look en papier tiens) ou qu’Ethan Hunt descende par le conduit d’aération en rappel dans une pièce pleine de lasers pour récupérer une disquette ou… ah bah, non, pourquoi on s’insurgerait ? Ce sont de gros bonshommes avec un cerveau et des biscoteaux, ils savent ce qu’ils font ! Alors que Debbie Ocean, une femme intelligente et avec l’expérience et la connaissance du métier, qui a eu 5 ans pour préparer un plan qui tient la route, on risque pas d’y croire une seconde ! Please, elle porte une robe à paillettes, zéro crédibilité.

Et ça continue comme ça, encore et encore. Le pire c’est que ces critiques ne sont jamais longues et argumentées. Parmi d’autres « arguments » souvent on dit juste que le réalisateur a perdu la main, ou que… bah elles sont en talons et en robes alors vous aurez compris que c’est pas réaliste (par contre, ça vous pose pas de soucis de cohérence, les talons, quand c’est Bryce Dallas Howard qui court en aiguilles de 12 cm devant un T-Rex mutant dans Jurassic World), ou bien que le casting est plein d’acteurs célèbres alors c’est forcément nul (ce qui est vrai dans le cas d’Astérix aux Jeux olympiques, mais pas une vérité générale)…

Bref. Analysez le scénario, parlez-moi des erreurs de mise en scène, démontez le jeu des actrices si vous voulez, mais là… vous avez juste l’air de rédacteurs du dimanche chez Cosmopolitan qui s’y connaissent vaguement en sexo-mode-beauté et ont vu plus de dix films dans leur vie et s’improvisent donc critiques en démolissant un film très sympathique juste parce que vous avez repéré un fashion faux-pas. Vous ne vous rendez pas service. Et pas non plus à l’espèce humaine.

Alors oui, je fais ma drama queen, mais je suis plus que fatiguée de cette mauvaise foi et de ce recul perpétuel.

ocean's eight cinematraque 1

Il a fait quoi de plus mal qu’un autre film, Ocean’s 8 ? De plus mal qu » Ocean’s 11 ? Hein ?

Déjà, scénaristiquement, pas grand-chose. Je ne dis pas que vous serez sidérés par le plus grand film d’arnaque du siècle en y allant, mais tout est loin d’être téléphoné pour autant. J’ai eu une agréable surprise parmi les quelques plot twists de fin (notamment, car je n’avais pas vu la bande annonce) et tout est parfaitement rythmé. Chaque arc est de la durée qu’il faut, on ne s’emmerde pas pendant la mise en place, on ne tarde pas trop à lancer le plan d’action et pourtant on a le temps de s’accrocher à chaque personnage, on est pas ennuyé par une préparation trop longue du casse, là où certains scénarios pèchent souvent, car on veut étaler le génie du personnage leader… et une fois que le casse arrive, j’ai même réussi à me prendre à fond dedans et stresser pour Mindy Kaling, enfermée dans ses toilettes/cabinet de joaillère improvisée. La dernière partie, celle de l’enquête par l’assureur (James Corden) est plus déséquilibrée, car on s’attend à un finale après le succès du casse, et on repart pour un tour, mais on ne s’essouffle pas non plus et l’on ne s’éternise pas dangereusement. Le hic pour moi, c’est le côté romanesque à la fin dans la démarche de Debbie qui visite la tombe de son frère pour un moment émotion beaucoup trop hollywoodien à mon goût — un avis parfaitement subjectif en soi, qui en ravira d’autres.

Du « naufrage » ou de la mauvaise foi

Bref, on est sur un scénario solide, qui en soi ne m’a pas fait du tout rouler des yeux par tant d’invraisemblances ! De nos jours, on en voit des conneries que les gens gobent sans poser de questions franchement, et là, on n’est pas du tout dans ce délire-là. On ne s’attarde pas plus que ça sur leurs technologies high-tech, mais en même temps elles n’emploient pas des procédés plus foufous que Daniel Craig dans les derniers James Bond. Et, même pas plus fabuleux que la plupart des comédies hollywoodiennes où il est parfaitement admis que Jason Bateman puisse hacker l’ordinateur d’un flic de son quartier et trouver en trois clics des infos confidentielles relevant du secret fédéral (coucou Game Night !) donc… allez pas me dire, là non plus, que c’est tiré par les cheveux ! Ce n’est même pas rocambolesque, ça tient la route !

Sauf pour la dernière scène de vol de bijoux, qui, si elle est cohérente dans son ensemble, semble plus être là pour rappeler qu’on reste aussi clairement dans le ton comédie plus que dans le thriller glaçant. Mais après, encore une fois, le scénario ne propose pas quelque chose d’ahurissant ou d’ingobable. Niveau scénaristique donc, pas de quoi titrer les critiques de « naufrage cinématographique » comme j’ai pu le lire, parce que c’est de la pure mauvaise foi ! Vraiment, on n’est peut-être pas sur du génialissime Rock’n’Rolla, mais le niveau est bon.

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Ma tête quand je réalise que même 20 ans plus tard et dans l’économie actuelle, Ocean’s 8 coute 15 millions de moins que Ocean’s 11 à cause des écarts salariaux entre acteurs et actrices

Côté technique et mis en scène, maintenant… Double raison de ne pas comprendre votre soi-disant naufrage ! Une de mes premières réactions, en apprenant qu’Ocean’s 8 se faisait, était de m’attendre à voir une scénariste/réalisatrice créditée. Bon, et bien pour autant que je me réjouisse comme une folle quand une de mes collègues remporte un projet de cette taille et bien que j’aurais aimé que ce soit le cas ici, je n’ai absolument pas été déçue. Gary Ross mène très bien son film et sa vision ! Il n’y a pas de lourdeur, on respecte le corps des comédiens et comédiennes… il n’y a pas de lourdeur, et même pas de fausses blagues lourdes pour souligner justement les occasions de se taire ; on nous les épargne de base et c’est un régal en soi.

Une grande cohérence artistique et un vrai sens du rythme

Ensuite, du scénario au montage, le rythme est vraiment parfaitement soutenu et il n’y a pas de quoi s’étonner. Juliette Welfling est aux commandes du montage et a remporté au cours de sa carrière pas moins de cinq César différents, nommée à une sixième occasion. Et le rythme, dans un film de casse qui nécessite du suspens et du rebondissement, c’est un peu la plus grosse partie du travail. Donc votre « naufrage » là, il s’est pris une claque comme on n’en voit peu ! C’est Jack qui pousse Rose de sa porte de merde et qui lui dit « désolé, mais je vais m’en sortir très bien comme un grand tout seul ! »

Ensuite, il faudra saluer la direction artistique. Parce que messieurs (et dames peut-être) les détracteurs, vous êtes peut-être allergiques aux Fashion Weeks et autres aventures à froufrou (mais vous êtes bien là pour vous rincer l’œil quand telle ou telle actrice montre un boob par inadvertance à cause de sa robe échancrée), mais vous avez simplement remporté la palme de la mauvaise foi si vous dites qu’Ocean’s 8 ne suit pas de cohérence artistique. Le travail costume/accessoire ici, il est aussi énorme que ne l’est celui dans Game of Thrones, et là, je ne fais pas vraiment ma drama queen cette fois. C’est juste que ça semble plus logique quand y a des tenues médiévales et des cuirasses (et des dragons en CGI), mais en fait, pas du tout ; pour créer des tenues de gala pareil, les fringues que portent chacun des personnages et les bijoux qui apparaissent dans ce film, il faut un travail de stylisme vraiment poussé et beaucoup de petites mains. Alors ça vous écorche de le dire parce que c’est fashion et vous en voyez souvent dans les magazines, mais c’est très réel. Et je ne parle même pas de comment ça s’imbrique dans le décor du MET (faut être inculte ou hypocrite pour ne pas voir la pertinence !)… Venant d’une fille qui s’habille en sweat informe et jeans quatre-vingts pour cent de son temps… c’est fort. Et encore une fois, c’est pas parce que ça vous touche moins qu’il faut le dénigrer.

Donc c’est une histoire sympathique, elle est bien montée et rythmée, mise en scène de manière simple, mais efficace et visuellement c’est carrément propre et pertinent (goûts et couleurs mis à part), alors… Vu qu’on est clairement plus en train de se noyer, mais que le film flotte plutôt peinard sur une mer de larmes de rageux, que manque-t-il à cela ? Le jeu des comédiens pardi !

Et bien, là encore, on ne risque pas de couler ! Jusque-là, les pires critiques que j’ai vues à propos de Sandra Bullock attaquaient son physique ou le fait qu’elle ne soit pas George Clooney. Je ne vais même pas adresser ces « critiques » là, les détracteurs concernés devraient avoir suffisamment honte tous seuls comme des grands. Elle joue bien, elle porte très bien l’intrigue générale tout en laissant de la place aux autres, elle est détestable quand il le faut, mais parfaitement attachante, Debbie est un personnage central clé, qui fonctionne. Et elle fonctionne, car elle n’étouffe pas les autres personnalités ! Malgré son caractère, elle ne vole jamais les moments de ses compagnes, on n’assiste pas à un concours de bites grotesque et tout le monde s’imbrique joyeusement (pas de mauvais jeu de mots voulu ici, m’enfin). De la sorte, on s’aère régulièrement, sans non plus se perdre, car l’unité de temps et d’espace est claire et qu’on est capable de se souvenir des prénoms et visages de huit femmes distinctes comme des grandes personnes, finalement. En règle générale, chacune propose d’ailleurs des personnages intéressants et justes.

Je regrette simplement que les jeux d’Helena Bonham Carter et Mindy Kaling se reposent un peu trop sur ce qu’on a l’habitude de voir d’elles : Rose, la styliste, est totalement perchée comme on a l’habitude de voir HBC (et elle le fait bien et nous offre plusieurs moments très drôles ici, mais c’est vrai que j’aimerais la voir un jour hors de cette zone de « confort ») et Amita, l’experte en diamants, repose vraiment sur l’humour qu’on connait à Kaling et son personnage comique de petite femme célibataire et fun. C’est dommage que ça sonne ici comme un reproche, parce qu’en soi elle a un côté sympathique, mais là aussi, j’aurais voulu être surprise.

Mais pour ces deux teintes plus pâles, on a de véritables coups d’éclat, à commencer par Anne Hathaway. Sa performance est juste géniale parce que s’il y a bien deux choses compliquées à jouer ce sont la bêtise et l’antipathie. Daphne Kluger est imblairable et ne risque pas d’avoir inventé l’eau chaude, mais elle a l’air si convaincue de sa superbe et sa grandeur qu’on arrive parfois à oublier Anne Hathaway ; et pourtant, c’était mal barré ! La pauvre part du rôle le plus compliqué : elle joue une célébrité fictive, dans un monde réel rempli de célébrités réelles (les caméos sont légions) et doit donc faire oublier sa propre persona célèbre réelle pour nous proposer une actrice fictive qui ne soit pas pour autant creuse et trop caricaturale. Elle y arrive pourtant avec brio et porte plusieurs scènes hilarantes. Les autres comédiennes, quant à elles, rendent toutes justice à leur personnage et sont bien dirigées, offrant par la même au spectateur plus d’une chance de s’accrocher à un fil conducteur. Même James Corden, que je n’arrivais pas à désencrer de son personnage d’host de show télé super bruyant et moqueur et qui m’a fait grogner à sa vue m’a finalement fait oublier momentanément ses, car-aokés.

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Subway ride of glory

Alors c’est clair, à l’heure qu’il est, Ocean’s 8 est au fond des eaux les plus troubles après avoir sombré au box-office. Ou alors on arrête d’être hypocrite et on admet qu’on a passé un moment divertissant devant un film efficace et marrant ! Alors certes, il va falloir digérer les quelques coups de talons aiguilles dans les testicules… Je pense notamment à cette pique fabuleuse lorsque Ocean refuse catégoriquement d’inclure un homme à leur plan en rappelant à Miller qu’elles ont justement besoin de femmes, car on ne se méfie pas d’elles et qu’on a tendance à les oublier… Bizarrement, quand on vous le met littéralement sous le nez, ça vous pique hein. Parce que jusqu’à preuve du contraire, quand on prend des hommes pour un rôle, qu’on justifie ce choix ou pas (et on ne prend pas souvent la peine de justifier ce que tout le monde admet comme l’évidence), personne ne s’offusque. Là, que ce soit pour le casting réel du film ou pour le recrutement des personnages fictifs, ça grince des dents comme jamais ! Alors où est le problème? Pourquoi est-ce qu’on se sent le besoin immédiat de remettre en question la légitimité de l’opération quand elle est menée par Debbie, mais pas quand elle est menée par Dany ? Et pourquoi personne ne parle des choix vestimentaires du personnage de Matt Damon ou Brad Pitt ? Est-il vraiment plus vraisemblable qu’un mec motivé par l’idée de reconquérir son ex-femme braque un casino plutôt qu’une femme motivée par l’idée d’envoyer en taule son ex qui l’a piégée braque un bijou dans un musée ? Si l’un est incohérent, l’autre est censé l’être aussi.

Parce que si le film est politisé, si c’est une tribune féministe soudainement, c’est uniquement parce que ses multiples détracteurs s’acharnent sur le fait que des femmes le portent et l’incarnent. Certes, l’idée était de représenter des personnages féminins forts et indépendants, mais ça pourrait être la normalité, non ? En en faisant tout un drame, toute une révolution, du haut de votre indignation, chers détracteurs, surprise ! Vous venez juste de brandir l’étendard haut et fort pour nous.

Ocean’s 8, de Gary Ross, avec Sandra Bullock, Cate Blanchett, Deidre Goodwin, Anne Hathaway, Mindy Kaling, Daniella Rabbani, Sarah Paulson, Helena Bonham Carter et Rihanna. 1 h 50. En salles.

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2 thoughts on “Ocean’s 8ers gonna hate

  1. Y a quand même un problème de fond dans cette critique (outre les phrases ayant laissé la syntaxe sur le bord de la route), c’est qu’elle fait fausse route sur tous les arguments qu’elle entend dénoncer mais qui ne constituent pas, en fait, la réalité des critiques récurrentes contre le film.
    De la même manière, les talons de Bryce Dallas Howard dans Jurassic World ont fait grogner un paquet de monde devant la stupidité générale du personnage dont la conservation des talons (comme s’ils étaient soudés aux pieds) est symptomatique d’une écriture très approximative de son personnage.

    De fait, comme toujours pour ce type d’exercice, je ne peux que conseiller de repartir faire un tour des critiques écrites sur le film, et donc notamment celles contre, et repartir factuellement point par point sur les éléments à charge contre lui. Citer directement les sources (dans le texte et en bas de page) peut aussi être un plus indéniable histoire de ne pas tomber dans l’amalgame d’éléments qui, en fait, ne sont pas représentatifs de l’accueil du film.

    Par ailleurs, sur la polémique autour de la polémique, je ne peux que rappeler que ce sont les mêmes vieux critiques blancs qui ont mis sur un piédestal Moonlight, Black Panther, Fury Road, Housekeeping, Girls Trip, le cinéma de Jane Campion et Chantal Akerman. S’il est évident que les critiques, dans leur globalité, ont besoin d’un absolu renouvellement, on ne peut pas prendre qu’une partie du résultat. Soit on accepte qu’ils ne peuvent pas tout critiquer correctement, soit ils le font et ça vaut aussi pour les films qui sont accueillis très positivement malgré des thèmes hors de leur zone de vie quotidienne.

    Enfin, on pourra rappeler qu’être critique, c’est avant tout un métier et une culture qui doit dépasser le sexe, le niveau de ressources, les origines géographiques, etc. Qu’il y ait des bons ou des mauvais critiques est une autre histoire, mais il n’y a pas de raisons que telle personne soit mieux placée que telle autre pour juger un film juste parce qu’elle est plus proche de l’histoire racontée. Sinon, aucun occidental ne peut juger un film asiatique ? Est-ce que les femmes peuvent critiques Fast & Furious ?

    Ajouter plus de bulles et cloisonner les avis dans un champ personnel n’est pas une solution. Il revient à renvoyer les gens les uns face aux autres alors qu’au contraire, la première chose à faire serait que chacun sorte de sa bulle.

    D’ailleurs, Christopher Lebron n’a pas aimé Black Panther et Armond White A Wrinkle in Time.
    Et un paquet d’hommes blancs (Rex Reed, Christopher Orr, Peter Travers par ex) ont donné une note positive à Ocean’s 8. Qui a actuellement sur Rotten Tomatoes une note critique de 67% / 6.2, soit un résultat supérieur au Ocean’s 11 original et Ocean’s 12, et assez proche d’Ocean’s 13. Par contre, Jia Tolentino, Stephanie Zacharek, Katie Walsh, Kate Taylor, Sara Stewart et Emily Yoshida n’ont pas aimé…

  2. S’appesantir aussi longuement sur les critiques des demeurés congénitaux ça biaise pas un peu le propos. « regarder comme les critiques sont connes donc j’ai raison d’en dire du bien » surtout que tes arguments suffise à faire comprendre pourquoi tu as apprécié le film.

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