Mandy, dis-moi oui

1983, une région déserte et sauvage. Red Miller (Nicolas Cage) est tombé profondément amoureux de l’attrayante Mandy Bloom (Andrea Riseborough). La vie qu’il s’est construite s’écroule soudainement lorsqu’une bande de créatures surnaturelles abjectes et dévastatrices fait irruption avec furie dans son paradis idyllique. Brisé, Red ne vit plus que pour une seule chose : les traquer et se venger.

Revenge movie avec pour tête d’affiche Nicolas Cage, une arbalète, King Crimson, une secte new age et des kilos de coke et de LSD, Mandy détonne agréablement et l’on en vient à s’interroger : ne serait-il pas pour l’instant le meilleur film de la Quinzaine et surtout, comment se fait-il qu’il ne soit pas programmé en séance de minuit (peu importe la sélection) tellement il se réapproprie les codes des films de genre pour donner une œuvre complètement barrée, mais ô combien jouissive ! Un futur film culte ? Cela ne fait aucun doute tant les scènes inoubliables se succèdent.

Mandy est un film qui divise

Pourtant, Mandy est un film qui divise abruptement. Durant la projection, une bonne partie des spectatrices et spectateurs ont quitté leur siège avant la fin quand l’autre partie a pris un pied considérable dans ce film qui en appellent aux années 70 et toute la démesure que cela sous-entend : meurtres sanglants dans des conditions rocambolesques, répliques percutantes, bande-son surpuissante, lumières surréalistes à souhait (Dario Argento et Mario Bava ne sont en effet jamais très loin), tout y est ! Toutefois, de ces éléments, Panos Cosmatos arrive à faire un tout parfaitement cohérent loin du patchwork dont nous sommes habitués à voir dans ces cas-là. Les hommages sont évidents, on a évoqué les deux maîtres italiens, on aurait pu parler de John Carpenter (autant au niveau de l’image que du son), de Massacre à la tronçonneuse (Tobe Hooper, 1973), des Evil Dead de Sam Raimi (essentiellement le personnage d’Ash) ou encore de Friday the 13th (Sean S. Cunningham, 1980) avec l’évocation de l’inévitable Crystal Lake.

De ces éléments, Cosmatos arrive à créer son propre univers. Un univers très rythmé, fortement colorisé, profond, gore et fortement jouissif. La principale force de Mandy c’est son jusqu’au-boutisme. L’équipe du film ne se refuse rien, elle offre à son public, la générosité dont elle fait preuve est, à cet égard, incroyable. Il n’y a aucune honte et cela transpire à l’écran. Certes, Mandy n’est pas parfait, le film s’essouffle sur la fin et surtout si le délire ne nous intéresse pas, il sera difficile de l’apprécier. MAIS, quel plaisir de revoir un Nicolas Cage aussi taré et en forme que dans Mandy, un Nicolas Cage qui se met en rogne pour un t-shirt blanc, qui se fabrique une hache irréelle, qui conduit sa voiture tel Mad Max, qui reprend ses gimmicks et expressions faciales les plus effrayantes et les plus ineffables ! Quel plaisir de voir la captivante et monopolisante présence d’Andrea Riseborough à l’écran ! Quel plaisir aussi de voir Lius Roache en transe complète dans ce rôle de gourou chamanique new age ! Si nous avions vanté l’univers sonore (Jóhann Jóhannsson) et visuel (Benjamin Loeb), le casting, tel que nous venons de le décrire à une place fondamentale dans la réussite globale de Mandy.

Rêve expérimental en deux parties

Rêve expérimental en deux parties, Mandy dépasse toutes les attentes que nous aurions pu forger dans ce duo Cage-Cosmatos. Exercice de style réussi, l’œuvre « souffre » d’un scénario en dent-de-scie, que le plaisir procuré par l’ensemble fera vite taire. C’est aussi ça : le cinéma de genre !

Mandy de Panos Cosmatos, avec Nicolas Cage, Richard Brake, Linus Roache, Bill Duke et Andrea Riseborough. 2h01. Prochainement en salles.

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