L’Amant Double : deux en un

Ne boudons pas notre plaisir : L’Amant Double fut un vrai kif de cinéma. Parce que François Ozon, plein de culot, y tente tout plein de choses. D’aucuns citeront Cronenberg, De Palma, Lynch ou encore Almodovar : peu importe, ce qui est passionnant, c’est que le film peut s’apprécier sans réfléchir à ce qui l’a inspiré.

Les premières réactions lues ça et là confirment cette idée selon laquelle la majorité des critiques de cinéma sont devenus en quelque sorte des archivistes, cherchant coûte que coûte à trouver du plagiat, de la « pâle copie ». Des sortes de chantres du « c’était mieux avant ». Aussi, du Coppola, l’on disait qu’il n’était que l’enfant indigne de la version originale, et de cet Amant Double qu’il n’est rien comparé aux maîtres qu’il cite.

Seul Tarantino, finalement, aurait donc le droit de citer sans être taxé de sous-machin.

Ca n’est clairement ici pas juste avec François Ozon, tant son film est un amoncellement de tentatives plus ou moins fructueuses, mais qui ont le mérite et le culot d’exister. A l’heure où les cinéastes de la compétition officielle cannoise se transforment régulièrement en ce que l’on attend d’eux (Loznitsa, Baumbach etc.), Ozon choisit de se faire plaisir quitte à parfois flirter avec le ridicule (son Amant Double n’est pas exempt de tout défaut, notamment dans son premier tiers, un tantinet poseur). Ce qui est certain, c’est que le film serait bien emmerdant à ranger dans une case. S’il démarre comme un thriller psychologique, il tourne de temps à autres vers l’exercice de style expériemental, et parfois même dans l’épouvante.

L’on sent devant cette histoire de doubles maléfiques que François Ozon a joui d’une liberté totale, s’amusant sans cesse à rebattre les cartes, à nous bousculer dans nos certitudes, et à nous faire rire surtout. Parce que c’est peut-être ça le plus important : le film est drôle, il ne se prend absolument pas au sérieux sous ses airs de truc chiant aux images bien léchées. En ce sens, si l’on devait le comparer au travail d’un réalisateur aimé de tous, c’est certainement plus vers Verhoeven qu’il faudrait jeter son dévolu. Du génie hollandais il a tiré cette ironie, ce recul, et cet érotisme, aussi.

Quant à Vacth (dont on se dit qu’avec les chevaux courts elle serait parfaite pour incarner Najat Vallaud-Belkacem dans un biopic à venir) et Rénier, ils sont parfaits dans leurs rôles, car parfaitement paumés avec nous dans ce labyrinthe ô combien agréable à visiter.

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