In Arras : Le temps de l’émotion

Une journée de merde, de la pluie, du froid et la confirmation du sacre de Trump aux USA. Si les réseaux sociaux se sont focalisés sur la défaite logique du camp Démocrate, la vie du festival n’a pas vraiment été troublée par ce « 11 septembre » électoral. C’est tant mieux. De toute façon la vie file à 100 à l’heure ici, on a tellement à faire que le monde extérieur on ne le perçoit qu’à travers le prisme du cinéma. Bref, il faudra attendre quelques années pour que l’Arras Film Festival digère le cataclysme qui vient. C’est tant mieux. Ici le souci est de pouvoir accueillir et prendre soin de tout un tas d’invités et de mettre en valeur les choix éditoriaux des sélectionneurs et sélectionneuses. Toute l’équipe de la télé du Festival, dont je suis une pièce rapportée, fait son possible pour recueillir les témoignages. C’est, soyons clair, une mission impossible. Les attachées de presse font leur job, et c’est pas évident non plus pour elles. Crispations normales. Un festival c’est l’humain d’abord avec ses bons et ses mauvais côtés.

« Son premier film est un concentré d’émotion, une version sensible et drôle de Captain Fantastic »

Ce côté émotionnel on le retrouve donc dans les films sélectionnés. J’ai pris l’habitude de sélectionner deux films par compte rendu, aujourd’hui j’aimerais évoquer Cigarette et Chocolat Chaud et La Jeune Fille Sans Mains. Le premier film est arrivé un peu par surprise, Sophie Reine, sa réalisatrice, était jusque-là, connue pour son travail de monteuse (pas moins que : My Sweet Peperland, Conversation animée avec Noam Chomsky ou Foxfire). Son premier film est un concentré d’émotions, une version sensible et drôle de Captain Fantastic où David Bowie est un personnage fantôme à part entière. Un film gentiment anar qui révèle une jeune actrice qui a des chances de marquer les prochaines décennies : Héloïse Dugas (qui a tourné après Cigarette et Chocolat Chaud, dans L’Avenir de la très hype parisienne Mia Hansen Love). On attendait le film pour rencontrer Gustave Kervern, dont nous soutenons le travail de cinéaste avec son pote Benoit Delepine, on se retrouve avec une petite troupe d’artistes qui a réussi à nous émouvoir et nous faire rire. Pas forcément le film de l’année, mais une belle découverte. Julien l’un des ch’tis du site venu en voisin a bien envie de vous convaincre d’aller voir ce film en salles. En plus il y a un tas de références à son idole : John Cena. Dernières anecdotes, David Bowie est mort alors que la cinéaste terminait son film, il s’agit d’un film en grande partie autobiographique et l’auteur de ses lignes a vécu une enfance assez proche de celle vécue par la réalisatrice. Donc bon.

La Jeune fille sans mains
La Jeune fille sans mains

On a déjà évoqué La jeune fille sans mains, qu’on avait vu au Festival d’Annecy. Mais Cinématraque c’est pas Canal, et quand on se retrouve à couvrir un Festival on est généralement capable de n’envoyer qu’une seule personne. À Annecy, Lucas a fait un chouette travail, et aujourd’hui c’est moi qui découvre ce joyaux de l’animation française. Adapté d’un compte méconnu des frères Grimm, l’adaptation très stylisée de Sebastien Laudenbach est un geste poétique, l’oeuvre d’un seul homme, qui arrive à tenir en haleine le spectateur sur 1h25 à coup de trait de crayons, de fulgurances de couleurs et avec une animation à la grâce merveilleuse. Si tout se base sur un conte, il ne faut pas voir dans La Jeune Fille Sans Mains un film d’animation à la morale conservatrice. Loin d’un film à la morale facile, le film de Laudenbach construit des personnages complexes et au destin imprévisible. Pour ajouter à la beauté de l’oeuvre, le hasard a fait qu’Anaïs Demoustier donne sa voix à La Jeune fille sans Mains et que le choupinou Jeremy Elkaïm lui donne la réplique dans le rôle du prince. Du kawaï high level ! Evidemment, à notre retour dans la civilisation parisienne, une fois avoir repris notre souffle, nous reviendrons sur ces films, comme sur les précédents.

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