Sing Street, entrez dans la danse

Avant même la clôture du festival de Deauville, samedi, ils étaient nombreux à l’imaginer trônant tout en haut du palmarès ou au minimum nanti du Prix du Public. Sing Street est pourtant reparti bredouille de cette 42e édition du festival du cinéma américain. Mais pour un film qui n’a d’américain finalement qu’une infime partie de sa production, nul besoin de crier au scandale. Le nouveau long métrage, de l’Irlandais John Carney, est une pure comédie sociale et chantante britannique dans la même veine que son sublime Once qui avait connu un beau succès d’estime, critique, et public, en 2007. Il y a 3 ans, Carney s’était une nouvelle fois essayé au feel-good movie musical avec Begin Again. Un film carte postale de New York un brin snobée par la critique, portée à cette occasion par un budget et une distribution conséquents (Mark Ruffalo, Kieira Knightley, Adam Levine…).

On pense inévitablement à The Commitments

Le scénariste-réalisateur-producteur, né à Dublin, revient cette fois avec bonheur dans son pays pour un projet plus personnel, plus modeste aussi, et avec un casting formidable composé de comédiens juvéniles, inconnus pour la plupart. On pense inévitablement à The Commitments, mais avec des gamins plutôt astucieux à la place des jeunes adultes pas vraiment futés du film d’Alan Parker. Inspiré de sa propre vie, Carney met en scène, caméra à l’épaule, un récit initiatique. Un adolescent, Conor, confronté au divorce de ses parents, au mal-être prégnant de la société irlandaise des années 80, et à ses propres tourments, décide de monter un groupe. Conor, à travers sa formation musicale, cherche à échapper à cet univers, mais surtout à impressionner la belle Raphina, d’un an son ainée. Il y est question d’amour adolescent, de rêves à accomplir, de rapports humains, de bons sentiments, mais le tout traité avec une certaine subtilité et autant de sensibilité sans oublier une dose d’humour bienvenue. Forcément, les gueules et le naturel des jeunes acteurs — mention spéciale au grand frère incarné par Jack Reynor — participent beaucoup à la réussite de Sing Street, tout comme l’hommage à la scène musicale anglaise des années 80 (The Cure, Duran Duran…). Comme dans chaque film de Carney, lui-même ancien musicien, les compositions originales, écrites à quatre mains avec le vétéran écossais Gary Clark, font elles aussi passer leur lot d’émotion. La bande-son se révèle un personnage à part entière de son histoire.

grand boom nostalgique

Le cru 2016 du Festival de Deauville aura présenté plusieurs instantanés, plus ou moins réussis, de l’adolescence (The Transfiguration, The Fits, Brooklyn Village…) Sing Street est sans conteste l’un des plus aboutis. Evidemment, il n’est pas certain que les collégiens ou lycéens français se reconnaîtront tous dans les problématiques vécues par la jeunesse dublinoise des années 80. Leurs parents, en revanche, replongeront avec délectation dans ce grand boom nostalgique qui semble en inspirer plus d’un actuellement comme en témoigne le carton de la mini série Stranger Things.

On regrettera juste la scène finale, maladroite, utopique et invraisemblable, qui laisse un petit goût d’inachevé, mais qui ne gâche en rien le plaisir ressenti près de deux heures durant. Sing Street est un film pop, enthousiasmant, rafraichissant. Le 26 octobre prochain, de nombreux mois après le public étasunien, entrez dans la danse!

Sing Street, John Carney avec Ferdia Walsh-Peelo, Jack Reynor et Lucy Boynton. 26 octobre 2016. 1h46

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