Festival d’Annecy jour 1: « LAPIN ! »

C’est le jour 1. Évidemment, j’ai Louane dans la tête quand j’écris le titre… merde… Cette blague a déjà été faite par Dzibz quand il s’est farci le festival de l’Alpe d’Huez en début d’année.

Comment je me suis retrouvé là ? J’adore l’animation, et j’ai toujours voulu aller au festival d’Annecy, découvrir des nouveaux films, des pépites qui ne seront jamais distribués en salles, rencontrer des professionnelles (« Heu? quelle sorte de professionnelles exactement? » – Ndlr – ), picoler et s’amuser au bord du lac. Alors quand j’ai demandé à Gaël, rédacteur en chef du moment ( Tu dis quoi Gaël? « Bin faut bien: Dzibz s’occupe de ses chevaux« ?) , si c’était possible, il a fait son maximum pour que je puisse m’y rendre cette année.

Évidemment, j’ai Louane dans la tête dans j’écris le titre

Mais comme j’ai pas de sous ( « Oh, pauvre petit » – Ndlr -) pour le train j’ai testé pour vous BlaBlaCar. C’était super, couple avec leur fille très sympa. Quand le mec a su que j’avais fait des études de cinéma le trajet c’est transformé en blindtest (musique de films) composé de 44 morceaux, répertoriés de la façon suivante : 40 de Hans Zimmer, période post-2005, 2 morceaux de James Horner et 2 de Vangelis. Autant vous dire que je devinais les morceaux avec les sourcils froncés. J’arrive à minuit chez le mec qui a bien voulu m’héberger pour 20 balles la nuit sur la durée de mon séjour. Je dors 6 h et je me lève super tôt pour récupérer le baluchon du festival, une jolie sacoche de couleur verte, et surtout l’accréditation, précieux sésame pour entrer aux projections. J’ai forcément attendu 45 minutes avec les étudiants et les professionnels avant de me rendre compte qu’il y avait un corner réservé à la presse.

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Bon, on arrête les déguisements, hein. C’est que des emmerdes. Le journalisme total, c’est totalement con.

En route pour la première projection de la journée, où je rejoins les camarades de Cloneweb qui m’expliquent que le Festival d’Annecy à des traditions un peu particulières. En effet, il est de coutume pendant les premières parties des séances d’envoyer des avions en papiers de toute part en direction de la scène, de crier « LAPIN! » dès qu’on en croise un sur le festival, et de faire des bruits de bulle comme un poisson dés que la salle est plongée dans le noir. C’est réjouissant, et l’esprit bon enfant met à l’aise les festivaliers novices comme moi.

La salle excitée à souhait, chauffée à bloque pour découvrir son premier film de zombies en animation à d’abord l’occasion d’admirer le super court métrage qui précède la projection des films de la journée intitulé Au Lapin agile où des artistes, cubistes, fauvistes, se mettent sur la tronche dans le bar éponyme dans le Montmartre de 1910. Un nouveau court métrage est mis à l’honneur chaque jour.

Quelle meilleure façon d’entamer un festival que par un film de zombie ?

SEOUL STATION zombie
LAPIN !!!!

Quelle meilleure façon d’entamer un festival que par un film de zombie ? Premier film, premier choc. Seoul Station de Sang-Ho Yeon qui raconte les faits précédents son Train to Busan présenté cette année hors compétition au Festival de Cannes, mais réalisé en prise de vues réelles. À la façon d’un Romero, le réalisateur livre une parabole politique zombiesque où l’individualisme et l’obéissance aveugle des forces de l’ordre mènent la société à sa perte. Un homme déambule dans le quartier de la gare de Seoul, blessé il appelle à l’aide, mais personne ne daigne réellement lui apporter secours. Il finit par se transformer en zombie, et contaminer les autres résidents des tunnels souterrains. La menace finit par dégorger, peuplant la surface de la ville de ces êtres possédés. Le réalisateur dresse un portrait violent de sa société et des sociétés modernes en général qui semblent n’en avoir que faire des maux qui la contaminent. Sans-abris, SDF, même combats. Un film profondément cruel, et d’actualité alors que certains liront ces lignes avant de rejoindre la manifestation du 14 juin (« Il n’y a pas de gauchiste ici monsieur » – Ndlr -). Le film n’a malheureusement toujours pas de date de sortie à ce jour.

Seth Green n’était pas présent, mais Tom Root et Matthew Seinreich, 2 membres initiaux de la folle série en stop-motion Robot Chicken, sont venus parler de leur boulot lors d’un making-of du show. Après avoir présenté quelques images de leur ultime saison, et brièvement présenté leurs tâches respectives, Tom Root, Matthew Seinreich, Marge Dean et Zeb Wells se sont livrés à un jeu de questions-réponses avec l’humour qui caractérise bien leur travail. Les festivaliers ont voulu en savoir plus sur leurs méthodes de travail, qui s’avèrent être d’une liberté totale de création ou presque, de l’écriture à la mise en scène. Leur boulot consistant principalement, et selon leur propre, à « déconner avec avec des jouets », passant à la moulinette la pop culture. Pour les amateurs d’humour débridé qui ne connaissent pas, je leur conseille allègrement de s’y plonger le plus vite possible.

 Comme le festival est l’art de cultiver les contrastes, on passe de la série d’humour trash en stop-motion au film d’auteur français réalisé presque seul, La Jeune fille sans mains. Comprenez que son réalisateur Sébastien Laudenbach, dessinateur, est le seul artisan à mettre en image son film, alors que les films d’animation sont en général constitués de plusieurs dessinateurs lorsqu’il s’agit de 2D traditionnelle. Il s’attaque ici à un conte méconnu des frères Grimms, dans lequel il est question d’un meunier, de sa fille et d’un esprit malin qui veut la lui enlever moyennant richesse. Le film est d’une beauté sans pareille, assumant jusqu’au bout son parti pris d’un trait minimaliste proche des estampes japonaises. L’ensemble ressemble à une superposition d’images, une forme peu classique permettant une créativité et une liberté de ton totale, loin d’un quelconque réalisme. Ici, c’est la matière, le trait qui tremble lorsqu’un élément du plan est attaqué et nom l’objet de l’attaque lui-même. Mais le film se dilue quelque peu et aurait gagné en intensité resserré sur un format de moyen-métrage. Je donnerai au film une seconde chance lors de sa sortie courant du mois de novembre.

La journée se termine avec le film d’ouverture tant attendu, La Tortue Rouge de Michael Dudok de Wit, déjà vu par une bonne partie de mes camarades. Le réalisateur qui m’a tant ému avec ses deux courts-métrages, mention spéciale à Father and Daughter couronné d’un Oscar, revient ici avec une co-production entre la France et le Japon. Il n’a pas manqué de nous raconter avant le film la folle histoire de son développement. Il avait reçu un mail du patron de Ghibli disant qu’il avait adoré son court, et qu’il voulait développer un long avec lui. Dudok de Wit accepta n’en croyant pas ses yeux. Le résultat est subjuguant de beauté. Le film traite de la filiation, un sujet particulièrement difficile, sans jamais une ligne de dialogue. Une poésie certes classique, mais envoutante et charmante, qui émane à chaque plan même si le film aurait gagné à moins appuyer son symbolisme.

 Très belle première journée sur ce très beau festival, même si je n’ai pas encore vu l’eau du Lac. Demain au programme trois films en compétition et l’Âge de Glace opus 27

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