Mal de pierres de Nicole Garcia

Depuis l’annonce de la Sélection Officielle, les critiques redoutaient ce Nicole Garcia. Rappelons que Nicole Garcia a déjà été sélectionnée deux fois avec L’Adversaire et Selon Charlie et s’est à chaque fois révélée comme le maillon faible de la sélection française : absence de point de vue, manque d’originalité, platitude dans le style. Précisons que nous n’avons absolument rien contre Nicole Garcia la personne, ni même contre l’actrice qui était très bien dans un vieux Resnais, Mon Oncle d’Amérique. Nous ne jugeons que les films, les œuvres.

La crainte a redoublé quand on a appris qu’il passerait le dimanche matin, soit le créneau le moins favorable pour ceux qui font la fête dans la nuit du samedi au dimanche et de plus, le créneau le plus mainstream au possible. Ce créneau horaire était de fait un facteur aggravant.

Cela n’a pas loupé. Dès le départ, cela sentait la naphtaline, une adaptation de roman, dans le plus pur style Qualité Française. Tout commence par une plaque d’adresse qui remémore en Marion Cotillard des souvenirs lointains, ceux d’un ancien soldat qu’elle a croisé en cure. Et nous voilà partis pour un long flash-back qui nous fait repartir une dizaine d’années en arrière. Depuis Alain Resnais ou Christopher Nolan, ce bon vieux flash-back est devenu un procédé tellement désuet qu’on ne pensait pas qu’un cinéaste oserait le ressortir. C’était le type de procédés que Bergman utilisait dans Jeux d’été, c’est vous dire.

La première partie, avec une Marion Cotillard, folle d’amour absolu et tourmentée par les désirs de son corps, aurait pu être intéressante mais il se trouve que depuis que Marion est devenue star, elle est devenue incroyablement pudique. Une scène clin d’œil à Belle de jour où elle s’exhibe à une fenêtre entièrement nue est filmée à contre-jour, par exemple. Cette soudaine pudeur n’aide pas à rendre cette première partie passionnante.

Ensuite nous tombons dans le mélo le plus larmoyant avec une histoire d’amour entre le personnage de Marion Cotillard et celui d’un soldat blessé de guerre (Louis Garrel, décidément très bien en second rôle, depuis Mon Roi ou Saint Laurent, affaibli et éteint à l’opposé de sa vitalité habituelle, mais cela ne suffit pas à sauver le film). Puis nous revenons au présent du film, fin du flash-back, l’enfant, fils du soldat, passe un concours de piano, ayant hérité des dons de son père. Ce dernier est mort, ce qui laisse Cotillard et son mari qu’elle n’aime pas, devant un bonheur devenu impossible. Fin du film, violons à n’en plus finir.

Le seul intérêt de ce film en sélection officielle, c’est de procurer une nouvelle fois l’occasion à Marion Cotillard de postuler pour un prix d’interprétation féminine. Cinq ans qu’elle essaie chaque année. Elle le méritait peut-être pour des prestations antérieures (Deux jours, une nuit, par exemple), mais certainement pas pour celle-ci. Peu convaincante dans la partie sensuelle du film, elle l’est encore moins dans la partie mélo. Mal de pierres est donc un film typiquement sélectionné pour une montée des marches. Une place hors compétition aurait suffi. Si l’on analyse l’échec du film, il provient du fait que tout ce qui est montré l’a déjà été. Le film procède de redites, de séquences déjà mille fois vues et d’une absence d’inspiration manifeste. Ce qui caractérise le cinéma de Qualité française, c’est qu’on refait les choses, on ne les fait pas pour la première fois, d’où l’absence absolue de surprise pour le spectateur. En ne s’étonnant même pas eux-mêmes, la réalisatrice et les acteurs avaient peu de chances de nous étonner.

Mal de pierres, quel titre en plus (en référence aux calculs rénaux du personnage féminin). Un titre malheureusement à se faire jeter des pierres.


Gaël Sophie Dzibz Julien Margaux David Jérémy Mehdi
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Le tableau des étoiles complet de la sélection à ce lien


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Un film de Nicole Garcia avec Marion Cotillard, Louis Garrel, Alex Brendemühl
Date de sortie en France  prévue le 19 octobre 2016.

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2 thoughts on “Mal de pierres de Nicole Garcia

  1. Matraque lourde je trouve…. Par exemple le final sur le titre qui n’est jamais que celui du roman adapté ( Milena Agus ) et où- par contre- pour ceux qui l’ont lu, on peut dire que le film est plus réussi que le roman . Certes romantique et sirupeux…. mais j’espère que la critique ne découle quand même pas de n’avoir pas vu Marion C nue dans son intégralité ! Pour le reste des propos me font également penser que le rédacteur s’est légèrement assoupi ( ce qui est un droit au cinéma et au demeurant tout à fait légitime devant des films de cette facture ) , puisque le jeune pianiste n’a en rien hérité des talents de son père…. qui est bel et bien le mari légitime .

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