Il y a presque un an, lors de l’annonce de la mise en chantier de nouveaux épisodes de The X-Files, nous avions évoqué les quelques espoirs que nous pouvions entretenir quant à ce revival. Alors que M6 diffusera en France, ce jeudi 25 février au soir, les premiers épisodes de cette dixième saison — dont le final a été diffusé lundi aux États-Unis —, il est temps de faire un point pour vous sachiez, fidèles lectrices et lecteurs, dans quoi vous vous embarquez.
The truth is out there
La volonté de Chris Carter, créateur de la série, et de son équipe était de faire en sorte que cette nouvelle mini-saison soit satisfaisante pour les fans et autres amoureux de la série (nous en reparlerons plus bas) mais qu’elle soit également accessible à une nouvelle génération de téléspectateurs. Si vous souhaitez en profiter au mieux, il est toutefois bon d’avoir connaissance de certains éléments avant de se lancer dans ce cru 2016.
Au cours des saisons 8 et 9, Mulder disparaît, est considéré comme mort lorsqu’on retrouve son corps, puis enterré alors qu’un virus alien le maintient en vie et est en train de le transformer en hybride, puis sauvé in extremis avant de revenir aux affaires non classées, pour enfin être viré et aller se planquer au Nouveau-Mexique lorsque Krycek essaiera de le tuer parce qu’il n’aura pas réussi à empêcher la naissance du fils de Scully.
Le bébé, prénommé William, est au choix : un hybride entre humain et alien résultant de l’enlèvement de Scully plusieurs années auparavant, un super-humain — fruit d’une intervention divine — qui pourrait contrer l’invasion des extraterrestres ou bien encore un bébé conçu soit de manière naturelle, soit par une fertilisation in vitro, avec, dans les deux cas, Mulder comme père. William a des pouvoirs paranormaux mais il les perd lorsque le demi-frère de Mulder (qui est aussi le fils de l’Homme à la Cigarette), lui injecte une substance inconnue pour le « sauver ». Scully, pour lui épargner une vie où il ne sera jamais en sécurité, décide de le faire adopter dans l’anonymat, afin qu’elle-même ne puisse jamais le retrouver.
Oui, les saisons 8 et 9, c’est le bordel.
Dans le final original de la série, Mulder revient sur le devant de la scène après avoir appris la date du début de l’invasion extra-terrestre : le 22 décembre 2012. Suite à des péripéties toutes plus palpitantes les unes que les autres, Mulder et Scully rencontrent l’Homme à la Cigarette, laissé pour mort deux saisons plus tôt, prêt à leur dévoiler la vérité. Nos deux agents prennent une nouvelle fois la fuite alors qu’un hélicoptère balance un missile en direction de la planque du fumeur increvable. Planqué dans un motel à deux pas de Roswell, Mulder s’interroge sur la futilité de sa quête de vérité pendant que Scully essaie de le convaincre qu’ils peuvent encore combattre le futur et que l’espoir subsiste.
Dans le film de 2008, Mulder et Scully plongent une nouvelle fois dans le monde du paranormal mais décident, à la fin, de laisser tout cela derrière eux et de se consacrer à leur couple. C’est un résumé grossier, certes, mais l’intrigue du film ne nous intéresse pas ici.
Au début de la saison 10, le brun taciturne et la rousse catholique sont séparés mais, par un concours de circonstances et l’intervention du présentateur d’une émission dédiée aux théories conspirationnistes, décident de revenir au FBI et de reprendre leur travail aux affaires non classées.
Trust no one
La perte d’un être cher et ses conséquences pour celles et ceux qui restent ont toujours fait partie des éléments fondateurs de la série. L’intrigue de l’enlèvement de la sœur de Mulder, Samantha, ayant été résolue en saison 7, c’est la perte de leur fils William qui sert ici de moteur et de lien narratif principal entre les six nouveaux épisodes. Et, si l’on se fie au cliffhanger — que je qualifierai volontiers de « putassier » — qui clôt le final, William prendra encore plus d’importance si nous retrouvons à nouveau nos agents préférés dans les années à venir.
Car si l’on croit Chris Carter, cette dixième saison ne sera pas la dernière, et des discussions sont en court avec la Fox pour voir comment produire de nouveaux épisodes. Ce serait une excellente nouvelle si ceux qui viennent d’être diffusés étaient tous vraiment bons. Or, ce n’est pas le cas. Pas du tout.
Sur les six épisodes, l’un rejoint tout de suite les bijoux de la série (Mulder & Scully Meet the Were-Monster, signé Darin Morgan), deux sont de très bonne facture (l’excellent Home Again, signé Glen Morgan, et Founder’s Mutation, signé James Wong) et les trois autres sont décevants et/ou indigestes (My Struggle, Babylon, My Struggle II, tous trois écrits et réalisés par Chris Carter).
Le principal problème de My Struggle et My Struggle II est que Carter tente de faire renter dans deux épisodes d’une quarantaine de minutes toute la mythologie qui devrait s’étendre sur une saison entière, même si celle-ci n’était composée dans l’idéal que de treize épisodes et non de vingt-deux. Le résultat est qu’on a du mal à croire aux événements qui s’enchaînent et aux actions des personnages. Le cliffhanger, que le créateur de la série défend en disant que chaque saison de The X-Files s’est toujours finie de la sorte, est alors d’autant plus frustrant et mal amené que la première réaction qui vient à l’esprit lorsque le générique de fin apparaît est : tout ça pour ça ?
Le fait d’avoir diffusé les épisodes dans un ordre différent de celui de production n’aide pas non plus à se forger une bonne opinion de cette saison, car c’est une sorte d’incohérence générale qui en ressort. Mais M6 étant spécialisée dans la diffusion dans le désordre des séries télévisées, peut-être les spectatrices et spectateurs français auront-ils la chance de voir les épisodes dans l’ordre prévu à la base, à savoir : My Struggle, Home Again, Mulder & Scully Meet the Were-Monster, Babylon, Founder’s Mutation et My Struggle II.
Fight the Future
Si une nouvelle saison est en effet envisagée — et vu les audiences US, c’est tout à fait probable —, et si les emplois du temps de chacun le permettent, il serait peut-être temps que Chris Carter se mette en retrait et laisse messieurs Morgan et Wong à la barre, accompagnés d’autres anciens scénaristes ainsi que de nouveaux talents.
Le fait que l’on se retrouve dans une situation à la Sherlock, avec une poignée d’épisodes tous les deux ou trois ans, ne me pose en soit pas de problème, surtout si je sais avec certitude que la série reviendra et que je ne resterai pas sur ma faim à cause d’un cliffhanger passablement stupide. Je hais les cliffhangers. Et puis c’est tellement original, un cliffhanger. Tout aussi original qu’un énième triangle amoureux. Et surtout tout aussi utile qu’un toit ouvrant sur un sous-marin. Mais la question est la suivante : vu la qualité de ces nouveaux épisodes, aurais-je vraiment envie d’attendre des plombes pour voir la suite ?
Car bien que cela me fasse beaucoup de peine de l’écrire, le constat amer que je tire de cette nouvelle saison de The X-Files est que son plus gros problème est la présence de son créateur : Chris Carter.