Seul sur Mars, 50% parfait

Matt Damon évolue sur une autre planète, ça n’est plus un secret pour personne.

Sa carcasse de mec à qui on la fait pas est certainement la plus fascinante du Hollywood du XXIe siècle. Pas de surprise donc à l’annonce du pitch du dernier Ridley Scott, réalisateur un peu paumé ces dernières années retrouvant enfin sa grandiloquence d’antan, du moins sur le papier.

Ouais parce que Cartel c’était bien mignon mais on s’emmerdait quand-même pas mal, n’en déplaise à Gaël. Oui, ceci est une entame de clash. Enfin… un clash de critiques ciné, quoi.

clash

Matt Damon, donc, Mark Witney dans le film, se retrouve à la suite d’une violente tempête lors d’une expédition sur la planète rouge coincé à quelques millions de kilomètres de la Terre, sans télé ni wifi. Plutôt que de se laisser mourir en plan séquence comme dans un film russe, il met à profit ses compétences de mec qui bosse à la NASA pour réparer l’internet et se faire pousser des patates.

Ce film-ci, d’une bonne heure au cumul, est parfait. L’acteur y évolue seul, y parle à ses caméras comme Tom Hanks parlait à Wilson, et y habite l’écran d’un façon tellement décontractée et swag qu’on a énormément peur pour lui. Les plans de Mars sont bluffants : la planète, sorte de désert à la Fury Road en plus rocailleux et passé au filtre rouge n’est pas accueillante pour un sou quoique magnifique à regarder. C’est dans le sentiment double fascination-peur que ce segment de film prend toute son ampleur.

La peur de mourir n’est en effet jamais loin, et le spectateur se serait parfaitement contenté des nombreux non-dits que l’on sent poindre entre petites joies et moments de découragement pour crier au génie. Mais nous parlions de grandiloquence, et c’est finalement là que le film trouve sa limite. A chaque fois que Ridley Scott imagine les péripéties qu’engendre ce raté de la NASA sur Terre, le film perd considérablement de son impact.

D’abord pour une raison scénaristique. L’on ne ressent en effet pas le besoin de connaître l’évolution des réactions à l’accident de la NASA sur Terre, puisque le personnage de Matt Damon s’adresse directement à nous, par le biais des caméras placées dans la station. L’impossibilité pour lui de transmettre ses vidéos à la Terre nous place dans la position privilégiée de spectateurs exclusifs de sa débrouille. Et l’évolution de l’idée que se font sur Terre de la survie du bonhomme n’est que redite pour le spectateur, machine à frissons un peu superficielle. « IL EST VIVANT ! », « QUEL GÉNIE ! », applaudissent les scientifiques : nous, on le sait déjà depuis une demi-heure.

Le deuxième raison pour laquelle les passages sur Terre flinguent le film, c’est qu’il sont la caution didactique de ce qu’il se passe sur Mars. En effet, Scott se sert de ses personnages de scientifiques terrestres pour expliquer les mécanismes de survie de l’astronaute oublié. Ainsi, les scènes sur Mars s’apparentent à la pratique, tandis que celles dans la NASA représentent la théorie. Comme s’il souhaitait montrer que chacune des combines de l’astronautes étaient vérifiables, scientifiquement plausibles et que son film était le fruit d’un réel travail pointu. Mais en réalité peu nous importe, pourvu que l’univers nous transporte.

C’était d’ailleurs là la force première de Gravity, cette radicalité scénaristique qui permettait l’immersion totale. Nous étions aussi paumés que George Clooney, aussi dangereusement en apesanteur.

Parce que l’effet produit par cette sensation d’être ramené tous les quart d’heure les pieds sur terre est vachement désagréable devant un trip aussi planant.

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