Cannibal Holocaust 2

Samedi 10 octobre 2015, 14h heure montréalaise. J’ai rendez-vous avec Olivier, le correspondant local de Cinematraque – et mon fixeur en ces terres hostiles, où seule la poutine peut te consoler lorsque la neige t’attaque par surprise un 31 octobre.

Tu vas montrer où j’habite ou bien ?

Le hood d'Olivier

C’est chouette chez moi hein ?

J’interromps Olivier dans sa session karaoké – il chante What’s up de 4 non blondes – et je me demande dans quel calvaire je suis tombée. Est-ce une coutume locale d’accueillir des convives avec des reprises dissonantes de chansons du début des années 90 ?

Rock band modifié

Pour endormir sa méfiance, je lui sors Yellow, de Coldplay. Elle ne peut résister et s’empare du micro.

Quelques «look how they shine for youuuuuuuuuuuu » beuglés amoureusement plus tard, je décide de fouiller sa dvdthèque – on ne connaît jamais quelqu’un tant qu’on n’a pas jeté un œil à sa collection de dvd – et je suis agréablement surprise. Le cousin d’Amérique du Nord a une collection parfaitement honorable, et surtout, SURTOUT, il a ça :

ryan

J’aime particulièrement la page où il ne porte pas de haut.

Il ne m’en fallait pas plus. Ayant le même à la maison, je suis en confiance et accepte de regarder Cannibal Holocaust 2 accompagné de cet homme persuadé que je comprends son joual.

Quoi, « joual » vous dites pas ça ?

Leur parler très particulier, donc. Nous enclenchons le film, pour le meilleur et surtout pour le pire. Juste pour le pire, en fait.

Cannibal Holocaust

L’ironie du sort veut que le film miroite ma réalité : une jeune femme douce et innocente se trouve prisonnière chez des sauvages sales et vulgaires. Toutefois, avec le temps, elle apprendra à comprendre ces étrangers.

Pourquoi ça s’appelle Cannibal Holocaust 2, d’ailleurs ?

En fait, pour la leçon d’histoire : après le succès teinté de controverse de Cannibal Holocaust, les studios cherchent à capitaliser sur le succès de celui-ci et renomment plusieurs films qui n’y sont pas liés Cannibal Holocaust 2, histoire d’attirer les foules.

Mais il n’y a pas de cannibales…

Non. Pas de cannibales.

Et un holocauste ?

Non plus.

Fais chier…

Oui c’est bien résumé, c’est exactement ce qu’on ressent devant ce film, on se fait chier. Je pense que j’ai eu plus peur devant le remake américain de LOL.

T’as quand même un peu réagi devant la scène du bambou.

En même temps quand tu vois l’héroïne se faire déflorer par un bambou, tu te dis qu’il faut vraiment aimer le cinéma pour accepter ce genre de défi (merci les bonnes idées de la rédaction en chef de Cinématraque.)

Ouais pis en plus c’était un gros bambou.

Sans commentaire. Que vous dire de plus ? C’est un navet fini qui enchaîne tous les poncifs du genre et qui pourrait être diffusé dans feue la case film érotique du dimanche soir d’M6.

Au Québec c’était le samedi et ça s’appelait Bleu Nuit.

Merci pour cette parenthèse culturelle. Voyons le verre à moitié plein, le film a déclenché chez Olivier une logorrhée de punchlines qui ont sauvé mon après-midi. En plus de celle sur le bambou sus-citée, le petit « les indigènes font du slut shaming » bien placé valait bien 1h29 de série Z.

La prochaine fois on s’en tiendra à colorier Ryan Gosling.

Qui l’aurait cru ? Un film de merde et un carnet de coloriage auront suffi au rapprochement de nos deux peuples.

(Article écrit à 4 mains avec Olivier Bouchard, même si je suis seule créditée en haut, t’sais)

Une bande-annonce ?

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