C’est promis, on va vous épargner les raccourcis culinaires et autres formules faciles pour parler de #Chef. Du moins, on va essayer. Donc, #Chef (surtout ne pas oublier le #), sortie prévue sur les écrans français ce 29 octobre, mais présenté en avant-première début septembre au Festival de Deauville, c’est le nouveau film de John Favreau en tant que réalisateur. Mais pas que puisque le mogul – producteur d’un certain Avengers – a écrit le scénario, l’a produit, réalisé et s’est offert le premier rôle. Tant qu’à faire !
“Quand on a plus rien à perdre, on a tout à gagner.” L’accroche sur l’affiche française illustre bien la démarche de Favreau. Acteur de second plan – les fans se rappelleront peut-être de son rôle récurrent comme fiancé de Monica et millionnaire amateur de free fight dans la mythique série Friends – , aspirant réalisateur au début des années 2000 – Elfe et Zathura, c’était lui, déjà -, le natif du Queens a fait sauter la banque et son propre compte en prenant les rênes de la franchise Iron Man. Devenu grâce à l’homme de fer l’une des personnalités les plus puissantes d’Hollywood, Favreau n’a donc plus rien à perdre, même si sa dernière incursion derrière la caméra reste un échec cinglant – Cowboys & envahisseurs, c’était lui aussi.
Qu’a-t-il voulu gagner en se lançant dans l’aventure #Chef ? Avant de réaliser Le Livre de la jungle pour Disney, Favreau a souhaité refaire un tour par la case indépendant et surtout se faire plaisir. Il se donne comme ex-future épouse la bomba Sofia Vergara, partage une aventure sexo-culinaire avec la bomb-ass Scarlett Johansson, offre un caméo à son pote Robert Downey Jr qui cabotine à souhait le temps d’une scène indigne d’intérêt, s’invective avec l’une de ses idoles, Dustin Hoffmann… Bref, Favreau fait sa petite cuisine entre amis, sans chercher forcément à être au top. Tiens, top…chef. Non, on ne va pas la faire.
Mais surtout Favreau, amateur de bonne chair, ne s’est visiblement pas privé de goûter et regoûter la multiplicité des mets qui défilent à l’écran près de deux heures durant. Le (sur)poids qu’il affiche sur la balance devient à lui seul une private joke. C’est que ça creuse de multiplier les casquettes. #Chef est donc l’histoire d’un cuisinier, autrefois loué pour sa créativité, rentré dans le rang en s’installant aux commandes d’un grand restaurant à Los Angeles. Un père de famille divorcé qui accorde plus d’attention à ses carottes et ses poireaux qu’à son jeune fils. Après une altercation avec un critique acerbe, Carl Casper, c’est son nom, rend son tablier et décide de se lancer sur les routes avec son rejeton et un assistant cuistot latino au volant d’un “food truck”.
#Chef se veut un inoffensif feel good movie, une comédie au cours de laquelle, il faut bien le dire, on sourit plus qu’on ne rit. Le casting est en roue libre, et les situations s’éternisent. Le trop long métrage manque singulièrement de rythme. Mais pas totalement de saveur. Et ce grâce à un travail remarquable sur le son. Quand le chef ou l’un de ses acolytes fait frire un bacon ou griller un sandwich cubain, les tympans (et les yeux) salivent à défaut de la bouche.
Rien que pour ça, le film mériterait une diffusion en 5D, mais sans la 3D ni la 4D. Juste pour les odeurs. A l’écran, de la bouffe et de la bonne bouffe, le plus souvent bien grasse. Amateurs de bio et autres végétariens s’abstenir. Pour résumer, #Chef – qui a fait un four aux Etats-Unis – se laisse regarder, le ventre vide, mais nous laisse un peu sur notre faim. Oui, on sait, on avait promis.
#Chef, Jon Favreau, avec Jon Favreau, Sofia Vergara, John Leguizamo, Etats-Unis, 1h54.