Party Visible: Cannes Jour 1

Cannes Jour 1.

Je suis un blogueur paresseux, j’ai pris l’habitude de créer des blogs et de laisser les autres écrire dedans. Pour ce Cannes 2014, je me suis donné comme objectif en plus des critiques de films que vous pourrez lire sur Cinematraque,  de faire une petite chronique quotidienne de ma vie de festivalier. Comme je ne peux évidemment pas tout raconter, ces chroniques seront un mélange de réalité et de fiction mais celle-ci sera utilisée pour raconter une certaine vérité : d’aucuns me diront gonzo journaliste. Bref ça c’était pour la note d’intention, vous noterez que je suis moins exigeant avec moi même qu’une commission CNC.

Alors la première journée cannoise commence la veille. On passe la journée à fignoler son agenda.

agenda cannes

et c’est un sacré casse tête. On évite à tout prix de voir un film la veille pour avoir une petite virginité filmique en entrant dans les belles salles du festival de cannes. Hier soir, j’ai regardé la tv, mais j’avais tellement la tête ailleurs que je ne me souviens même plus de ce dont ça parlait.  Au moment d’aller dormir, j’ai appris sur twitter la mort de Malik Bendjelloul, le réalisateur de «  searching for sugar man », un des films qui a le plus marqué ma vie.    Ensuite il a fallu trouver le sommeil, j’ai toujours du mal en veille de festival. On s’allonge on ferme les yeux, on pense à tout ce qu’on a oublié, à tout ce qui nous empêche de réfléchir comme dirait Solange, à l’accueil que vont recevoir de nos confrères ces petites vidéos à la con qu’on a a fait avec cinematraque pour s’amuser.

Saint Laurent, en résumé par cinematraque

Et puis vient le grand problème :

Que faire de son bras gauche quand on dort sur le coté gauche ? Que faire de son bras droit quand on dort sur le coté droit ? et on retourne le problème et son corps dans tout les sens et son corps avec. Vous me direz pourquoi tu ne dors pas sur le ventre ?  Et ben comme tous les israélites j’ai un trop gros….

…NEZ.

Du coup je ne peux pas.

Et sur le dos ? Jamais (sauf sur le canapé du bureau) j’ai l’impression d’être un mort juste avant l’incinération. Bref plus de deux heures pour trouver le sommeil et je ne sais toujours pas comment il a fini par arriver. Le matin je me suis réveillé vers 6H30 , douche, dents finissage de valise. C’est la qu’on est heureux de peser 100 kilos pour pouvoir la fermer en s’assoyant dessus.  J’ai expliqué à mes enfants que je partais 10 jours, que j’allais aller au cinéma tout les jours et boire des verres sur des plages ou sur des bateaux mais que c’est pour le travail… Ils ont des doutes mais ma version est crédible, je ne suis pas le seul après tout. Juste avant de partir je me suis rappelé que j’avais un nouveau smoking que je n’avais jamais mis.  J’ai cherché, je l’ai retrouvé, c’est un smoking de mon grand père, disparu en Juin dernier : ma grand mère me l’avait gardé pour le festival de Cannes, Il est magnifique et il me rappelle ce grand père qui m’a filmé dès ma naissance (enfin après l’accouchement),  et jusque assez tard avec des appareils qui évoluaient sans cesse entre 1979 et 2006. J’ai récupéré ses caméras Super 8, pour le moment ça fait de très beaux objets décos.  Mon grand père, racontait souvent qu’il avait rencontré André Bazin en Algérie, qu’il lui avait dit qu’il devrait faire l’idhec, mais pour mon grand père, pauvre, pupille de la nation, fils de poilu, exclu de l’école normale en « vertu » du statuts des juifs, il fallait à tout prix devenir fonctionnaire, c’est ce qu’il a fait. J’ai appellé ma grand-mère pour lui dire elle m’a dit «  que ça te porte chance ».   Séquence émotion.

Après tout c’est mon billet cannois je raconte ce que je veux.

Le matin direction les studios pour une rencontre avec un génie de la télévision. Vous avez forcément passé des heures devant ses émissions et fictions. Je me pointe avec ma valise de 30 kilos,  je fais le rdv je repars en taxi vers la Gare de Lyon alors que j’habite à coté, le gaspillage commence, mais ça en valait la peine.

Arrivé Gare de Lyon, je regarde en attendant à la machine le prix du billet pour le train que je vais prendre : «  129 » euros, j’ai bien fait de prendre le mien 3 mois avant pour 30 euros. C’est la première fois que je suis si prévoyant, mais ça ne va pas durer. A la gare je rencontre R. : c’est un philosophe et un talmudiste, je vais écouter ses cours de temps en temps. J’essaye de le convaincre que non Cannes ce n’est pas que de la vanité  dans le sens vain, puisque c’est le grand moment dans l’année ou le cinéma est le centre du monde.

Et puis je prends enfin le train avec mon ami DJO.  C’est un ancien producteur, que je connaissais avant de faire ce métier (oui mon métier c’est producteur la critique c’est pour le plaisir, la production aussi remarque mais ça me fait manger).  Il a abandonné la production et travaille maintenant comme scénariste. Il écrit notamment avec un réalisateur un film que je produis et pour lequel je cherche des sous. On fait notre prépa, plannings etc. Et nous avons la bonne idée de définir un « code relou ».

En gros comment faire quand quelqu’un te tient la jambe, te raconte sa vie, a une mauvaise haleine, veut te présenter sa sœur pour que tu lui trouves un mari, veut  absolument t’acheter un film que t’as déjà vendu à Canal, etc. On a  donc créé un signe distinctif que je ne vous révèlerais pas qui permet de signifier à l’autre qu’il doit nous exfiltrer de cette conversation.  En gros je fais le signe (indétectable) et Djo vient dans les 2 minutes me chercher parce qu’IL DOIT me dire un truc : «  écoute ça m’a fait plaisir, on se rappelle » et bam on passe à autre chose. C’est déjà assez compliqué de rentrer dans les soirées alors c’est pas pour parler avec un dentiste de Rambouillet qui a plein d’idées de films sur l’univers impitoyable des dentistes et prothésistes.

Ensuite un copain distrib nous rejoint : on papote, on parle de films israéliens, puis de films juifs et on se rend compte qu’on a tendance à chuchoter avant de prononcer le mot juif. Nouveau code  on remplace à chaque fois le mot juif par suédois, du coup c’est beaucoup moins subversif mais on peut parler tranquillement. On ne sait jamais si des nihilistes nous écoutent. D’ici la fin du festival on aura un dictionnaire complet, et c’est capital.  Ca commence dès le train, avant de dire du mal de qui que ce soit faire un tour de la rame et s’assurer que la personne n’est pas présente. On est peut être parano mais quand t’as entendu une fois quelqu’un qui t’aimes pas parler de toi sans savoir que t’es à coté, t’as pas envie de le faire à d’autres. Voilà où j’en suis.

Best-of de la conférence de presse du Festival… par CannesFestTV

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