Welcome to New York n’est pas le seul film sur DSK : j’ai vu l’autre

Le marché du film regorge de bizarreries. Des réalisateurs, producteurs et distributeurs s’y échangent des films farfelus, depuis Poultrygeist, la nuit des poulets morts jusqu’à Kamasutra 3D. Arpenter les couloirs du plan grand marché de cinéma au monde, c’est entrer dans un monde parallèle fait de séries Z et de cinéma amateur.

Planqué dans le fond d’une petite allée, un homme seul, Damian Chapa brandit aux passants un article de journal, celui de Nice Matin racontant la projection de Welcome to New York de Ferrara. Personne ne prête attention à lui, alors je m’arrête. « Adapter l’affaire DSK à l’écran, j’ai eu l’idée bien avant eux », m’explique-t-il. Le passionné Américain en colère me tend l’affiche de son brulôt, intitulé DSK Unauthorized. La plus-value de son film, me promet-il : « une véritable reconstitution, où rien n’est tu ». Il n’a pas vu le film de Ferrara, et ne le verra pas, désignant son postérieur lorsque je lui demande s’il songe à le voir.

« Mon DSK à moi a réellement sa démarche, son attitude, son apparence, il n’y ressemble pas de loin, comme Depardieu, qui par ailleurs est un excellent acteur », m’explique Damian. C’est décidé, il m’envoie son film et nous nous rencontrons dans la foulée.

C’est lundi, le film DSK Unauthorized n’est pas un chef-d’oeuvre, mais il a le mérite d’exister, et surtout de ne pas trop être putassier (dans sa forme en tout cas, parce que dans le fond c’est une autre histoire). Damian m’attend, et a l’air super heureux d’enfin pouvoir causer avec un journaliste de son film.

Bonjour Damian, DSK, t’as piqué l’idée à Ferrara ?

Damian Chapa : « J’ai eu l’idée en premier. C’est simple, tu peux regarder partout sur le web, la production de mon film a été lancée deux mois après les faits, tandis que celle d’Abel a été lancée bien plus tard. Je connais bien Abel, on a tous les deux vécu le New York des années 80, les années folles. Je suis déçu, parce que lui et son équipe (Maraval, Depardieu, NDLR) ont juste voulu me battre. Ils ont fait un bon boulot de publicité, c’est assez impressionnant. »

Mais les deux films sont également très différents… Tu as vu le sien ?

« Non, je ne l’ai pas vu, ça ne m’intéresse pas. Ce ne sont pas les mêmes sujets, d’abord. Abel affabule sur une histoire de viol dont on ne sait finalement rien, tandis que j’ai choisi de traîter en parallèle de ce fait isolé le travail du FMI. »

Ton film est en effet un film politique…

« Oui, j’ai souhaité ne montrer que ce que je savais. Et ce que je sais, c’est que plus que de violer des femmes – ce qu’il a peut-être fait peut-être pas, je n’en sais rien -, DSK a été à la tête de cet organisme qui viole des pays entiers. »

Le FMI ?

« Oui, le FMI a violé l’Islande, par exemple. Le peuple islandais a refusé de rejoindre le Fond Monétaire International, qui s’est ensuite vengé. »

OK. Et toi, as-tu reçu des pressions de la part des divers gouvernements à l’annonce de ton film ?

« J’ai fait sept semaines de prison, sans raison. On m’a relâché, on m’a donné 2000 euros et on m’a fait comprendre qu’il fallait que je stoppe la production de mon film. Ce que j’ai fait, avant de m’y remettre un an plus tard. »

As-tu eu des contacts avec DSK ou son avocat ?

« Non, et je ne veux pas en avoir. Je n’aime pas DSK parce qu’il a dirigé le FMI, comme je n’aime pas Merkel, Sarkozy, Obama et consorts, qui sont à mettre dans le même panier, finalement. »

Ferrara se fait tacler sur la question du judaïsme dans son film, qu’en penses-tu ?

« Vraiment ? (on lui explique) Je trouve que c’est complètement idiot de sa part que de faire du judaïsme un élément clé de l’intrigue de son film. Je veux dire, qui peut reconnaître le sperme juif du sperme non juif ? »

Tu as de ton côté décidé de ne pas filmer le viol, tandis que Ferrara le montre dans son intégralité, très brutal. Peux-tu m’expliquer ton choix ?

« Personne ne sait ce qui s’est passé. J’ai donc coupé au moment où seuls les deux protagonistes connaissent et connaîtront la vérité. La femme de chambre entre dans la chambre, et je coupe. Ca me semble plus honnête. »

Tu es un anarchiste ?

« Je pense que le peuple devrait avoir le pouvoir. »

Sur l’affiche de DSK Unauthorized est créditée Nafissatou Diallo, peux-tu m’en dire plus ?

« C’est une erreur, merci de me le faire remarquer (sic). »

Peux-tu me raconter rapidement ton parcours ?

« J’étais un acteur hollywoodien. J’ai 45 films à mon actif, j’ai joué avec Carradine ou encore Kylie Minogue. Mais il me manquait quelque chose dans ma vie de star pleine de Limousines. Je n’étais pas satisfait du star system, parce que tu y perds le sens de ta vie. Le mien, c’est de montrer ce que je pense vraiment, de montrer la vérité. Mais quand tu montres la vérité, tu déranges et l’on te met en prison. Regarde Julian Assange. C’est pareil pour moi. Mon précédent film, à propos de l’affaire Polanski avait déjà déchaîné les médias, et mon prochain, racontant l’affaire Gerry Adams avec l’IRA promet également quelques remous.

Finalement, je veux être comme Sinatra : I did it my way ! »

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Damian Chapa, réalisateur

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