Like Father, Like Son, de Hirokazu Kore-Eda – Compétition officielle

Like Father, Like Son semble clore une trilogie de l’enfance débutée avec Nobody Knows et poursuivie avec I Wish. Dans ces trois films, Kore-Eda scrute la dureté du monde à travers le regard courageux des plus jeunes. Après y avoir fait disparaître l’adulte, celui-ci y revient progressivement, jusqu’à occuper dans ce dernier film une place prépondérante. Petit à petit, l’adulte, qui avait démissionné (Nobody Knows), se retrouve, par la force de caractère de l’enfance (I Wish), à devoir assumer sa condition d’adulte en acceptant l’enfant qu’il fut (Like Father, Like Son). Autrement dit, la beauté de ces films consiste à permettre aux enfants de donner naissance aux adultes.

Loin de tourner en rond, Kore-Eda se renouvelle tranquillement : il aura fallu trois films pour que ses protagonistes adultes parviennent à s’accepter. Le soin pris par l’auteur à offrir aux enfants qu’il filme un espace de jeu (plus que de travail d’acteur) lui permet avant tout de suggérer la difficulté des adultes à accepter les blessures liées à leur jeunesse et les névroses qui en découlent, lesquelles se répercutent alors sur les générations suivantes. Ainsi, l’expression donnant son titre au film convient-elle bien à la relation père-fils liant l’architecte Ryota (Masaharu Fukuyama) avec son père. Ni l’enfant qu’il a élevé, ni son propre fils ne veulent lui ressembler. Les deux petits garçons, au contraire, chacun à leur manière, s’opposent à ce père autoritaire. En filmant une nouvelle fois l’enfance, Kore-Eda nous offre l’un de ses plus beaux portraits d’homme adulte. Il serait étonnant que Like Father, Like Son ne retienne pas l’attention du jury.

Like Father, Like Son (Tel père, tel fils), de Hirokazu Kore-Eda, avec Masaharu Fukuyama, Machiko Ono, Yoko Maki, Japon, 2h.

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2 thoughts on “Like Father, Like Son, de Hirokazu Kore-Eda – Compétition officielle

  1. Sommes nous tous confrontés à l’idée (et à la réalité) d’adopter les enfants que nous avons mis au monde ? Assurément, et d’ailleurs les parents adoptifs doivent certainement « mettre au monde » les enfants qui leurs sont confiés. L’issue de cette magnifique FABLE aussi japonaise qu’universelle, reste ouverte, et montre que c’est uniquement dans l’alliance des deux que se trouve l’équilibre… mais surtout, qu’il n’est pas forcément question de deux familles distinctes.

    Cette histoire raconte en réalité ce qui arrive à chacun de ceux qui tentent l’aventure de la parentalité. Elle analyse en les dissociant, les deux parents qui oscillent en nous : tantôt accrochés à leur progéniture par l’idée de l’héritage génétique dont ils sont porteurs, tantôt attachés à ce que leur renvoient leurs enfants comme image de ce qu’ils ont donné mais surtout de ce qu’ils pensent avoir investi.

    Les parents (ou un parent unique) disent tour à tour dans cette dialectique, (ou à différentes étapes d’une même vie) qu’il s’agit de prendre acte de la fonction de père et/ou de mère. « Le père » (qu’il soit homme ou femme) structure la capacité de progression propre à l’enfant, en lui apprenant que l’amour qu’il reçoit est conditionné par son obéissance à la loi, et par la qualité de la réponse qu’il donne à certaines exigences. « La mère » lui prodigue un amour inconditionnel et INDISPENSABLE à toute existence qui tend progressivement à sous soutenir par elle-même, indépendamment du regard des autres.

    Tantôt parents adoptifs ou génétiques, tantôt face à un enfant dans son unicité ou face à « nos enfants », notre combat s’alterne et se complexifie de façon presque illimitée du fait qu’il est également mené par nos enfants ; c’est ce que nous ne devons jamais négliger.

    Qu’en penses-tu GAËL?

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