Le Temps de l’aventure, parenthèse pour deux amants

J’aime le cinéma français et la question de l’infidélité m’a toujours obsédée.

Double raison de me réjouir de la sortie de ce film français sur une journée d’infidélité, de doutes et de choix, d’une femme paumée et d’un prof de littérature anglais sur le retour

Alix (Emmanuelle Devos) est comédienne, on comprend qu’elle est avec un certain Antoine dont on ne connaît que la voix, au bout du téléphone.

Vivant à Calais pour les besoins d’une pièce, elle doit se rendre une journée à Paris pour y faire des essais.

Dans le train qui l’y mène, elle croise le regard d’un quinquagénaire triste et élégant (Gabriel Byrne). Elle semble happée par cet échange de regards….

Il ne se passe pas grand-chose dans Le temps d’une aventure, mais assez pour faire poser à mes lectrices d’OK Podium toutes les questions que cette actrice et amoureuse dramatiques se pose à elle-même :

– Mon mec ne me répond pas au téléphone de la journée : et s’il ne m’aimait plus ?

– Je suis une actrice ratée : et si je devenais institutrice ?

– Je déteste ma soeur parce qu’elle fait du yoga et prend des bains quand elle ne se balade pas en kimono dans un 250 mètres carré avec jardin. Et si j’avais raté ma vie ?

Certaines questions, je me les suis posées toute seule sans hélas y trouver de réponse, d’où mon enthousiasme mitigé pour ce film :

– Pourquoi le vieux prof et Alix s’embrassent-ils sans la langue ?

– Pourquoi cette musique classique tendance Opéra tout le temps ? On a compris que leur amour se devait d’être mystique, mais a-t-on besoin de sous-titres ?

– Pourquoi la construction scénaristique est-elle pompée sur Before sunrise avec Julie Delpy, l’infidélité en plus, sans que ça ne choque personne ?

(Dans le magnifique Before Sunrise, une histoire d’amour naît dans un train et se termine à la fin d’une journée, sans promesse de lendemain.)

Le temps de ce film, j’ai repensé à mon aventure à moi, quand j’avais un amant.

Moi non plus, je ne l’aurais pas suivi jusqu’au bout du monde, même si le sien c’était Paris.

Dans le film, les deux héros s’avouent leur prénom à la fin.

L’identité, c’est bien vrai, est un détail dans la passion, c’est même un détail gênant.

Avec mon amant, on se vouvoyait.

Je l’aimais follement parce que j’en aimais un autre, raisonnablement.

Dans le film, Alix doute une journée durant de son amour pour Antoine, de sa grossesse future, de son métier bancal, de ses 42 ans.

Il y a de la pudeur avec l’amant (s’embrasser sans la langue revient peut-être au vouvoiement que j’avais avec mon amant), du mystère, il y a du : « Je m’en fous de ta vie« , il y a des compliments inattendus : quand elle lui dit : « J’aime ton visage« , il lui répond : « J’aime ta mâchoire, parce qu’elle est sociable. »

Mon amant à moi me faisait de plus beaux compliments, il me disait que j’étais une héroïne de roman, sa princesse de Clèves, ses liaisons dangereuses, son Anna Karénine. Mon genou, c’était celui de Claire.

Depuis, même DSK est devenu héros de roman, alors j’ai relativisé.

Je ne vous raconte pas la fin du film mais c’est une fin classique. Pas comme dans « She’s lovely« .

Une fin comme dans la vie.

Le film est plaisant, pas planant.

C’est une parenthèse pour deux amants.

Et pour le cinéma français, ça ne sera rien d’autre.

Le Temps de l’aventure, Jérôme Bonnell, avec Emmanuelle Devos, Gabriel Byrne, France / Belgique / Irlande, 1h45.

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4 thoughts on “Le Temps de l’aventure, parenthèse pour deux amants

  1. Sauf que ce n’est pas ce que l’on attend d’un article qui se veut critique. Après avoir lu votre article, on se demande simplement si vous avez vu le film? Si vous l’avez même regarder? Et pourtant, si le film a ses défauts, il incarne une véritable tentative de Cinéma, digne et poétique; à l’heure même où le cinéma français est attaqué par des détraqueurs pour son manque d’audace. Sans doute la force d’évocation du film est-elle amoindrie par le manque de choix dans le scénario. Pour autant, il ne mérite pas le traitement réservé par Cinématraque. Si le cinéma parle à chacun, il est aussi un passage vers le monde. Cette acte de passage, ce métier de passeur : c’est comme cela justement que Daney définit le critique de cinéma. Dès lors, rien de méprisant dans ma remarque mais des points de vue littéralement opposés.

  2. Chaque réalisateur parle de lui au travers d’un film, libre au critique de se sentir ou non concerné et de parler de lui si c’est habilement fait. En tous cas, c’est ma façon à moi de parler cinéma. Ce genre de leçons de vie méprisantes résumées en un slogan n’a pas sa place ici.

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