11 juin 2010 : brainstorming
« Bon, les gars, on a réussi notre coup : Tout ce qui brille a trouvé son public, le grand public, et nos deux starlettes sont en train de devenir les nouvelles égéries de la comédie française. Néanmoins, il ne faut absolument pas que l’on se repose sur nos lauriers. Il ne faut pas tomber dans l’écueil du second film raté.
Je vois New-York.
Imaginez… Nos deux héroïnes se sont expatriées dans la ville pomme, c’est comme ça qu’on dit, hein ? La ville pomme ? Ah oui, merci Jean-Michel, la grosse pomme, c’est ce que je voulais dire. Nos deux héroïnes se sont donc expatriées dans la grosse pomme, et… Y a pas, ça me fait drôle de dire la « grosse pomme », t’es sûr ? Quelqu’un ici a-t-il un iPhone ?
Bon, Géraldine et Leïla sont parties vivre à New York…
NON, PAS POUR DE VRAI, JE TE PARLE D’UN PITCH DE DÉPART BORDEL. Et justement, c’est là qu’est le génie ! C’est un peu comme une PARABOLE sur leur vraie vie, tu comprends ? New York, c’est une vraie métaphore de la célébrité ! Oui, tu as raison, Louis, c’est un peu fin, comme synopsis. Je vous laisse bosser sur la suite, et l’on se revoit dans 10 jours ? »
21 juin 2010 : briefing
« Merci à tous de votre réactivité. Nous York est mis aujourd’hui en production, et les financements ne sont pas difficiles à trouver, du fait d’une part de la célébrité des filles, et de la qualité de nos écrits, aussi : il faut dire que le titre est bon. Je voulais revenir avec vous sur quelques points qui me semblent importants, afin que nous évitions l’écueil du second film. New-York, c’est une ville vue et revue, au cinéma. Aussi, il sera pertinent de ne pas tomber dans les poncifs inhérents à cette ville au cinéma. Alors, pas de Frank Sinatra en début ni en fin de film (au milieu, OK), et pas de visites de monuments. Pas de Central Park, et pas de blagues sur le terrorisme. Non, moi je veux le vrai New-York. Avec un N majuscule.
Oui, et un grand Y aussi.
Après, je pense qu’il faut surfer sur les élections américaines de 2012, et mettre le paquet sur Obama. Un truc tout con, mais il pourrait être drôle que sans raison, les héros crient de temps en temps « Obama ! ».
Un blanc.
Le paquet sur Obama, donc. Les tee-shirts « I Love New York », et les gags façon « barrière de la langue ». Après, Hervé et Géraldine, en bons réalisateurs qui n’ont plus à faire leurs preuves, je vous conseille de regarder quelques classiques en amont, genre Les Visiteurs, de Jean-Marie Poiré ou encore Un Indien dans la Ville, le film préféré de mon neveu.
Bon, voilà, vous avez deux ans. »
11 novembre 2012 : Dzibz et Marie vont au cinéma
« Bon, Marie, tu arrêtes de souler, on VA voir Nous York. C’est le voyage objectif de nos prochaines vacances d’été, on va sûrement voir dans le film quelques « astuces » pour voyager pas cher. En plus, le titre il est cool. C’est un jeu de mots, tu sais ?
On prend des pop-corns. OK, salés.
Ellipse narrative.
Bon, Marie, tu arrêtes de soûler, c’est TOI, après tout, qui a bien voulu aller le voir, ce putain de film de merde. Franchement, si t’avais refusé, ça m’aurait arrangé. C’est pas comme si j’avais insisté, en plus… Là, pendant l’heure-et-demie qui vient de passer, j’ai vu 93 fois la même scène.
SEQ(s) 28 / 35 / 56… (et 73 ? à voir…) Ext / Jour / Grandes tours
X femmes et X hommes sont assis.
X : Ah… New York…
Y : C’est ouf, quand même, comment c’est chelou, hein ma roeus ?
Z, tentant de s’introduire dans le groupe, très soudé : I’m Denise.
X, l’ignorant : I want to be a part of it, New York New York !
En cœur (sauf Denise) : OBAMA !
La nuit tombe.
Exclu. Exclu. Je me suis senti exclu, illégitime. J’ai réfléchi à ma propre vie. Exclu, exclu. Je ne te remercie pas, Marie.
Il pleure.
Marie : OBAMA !
Dzibz : Non, Marie. Obama n’y changera rien. Il ne me refera pas le coup. Il a eu le temps de faire ses preuves, déjà. Sa réélection, c’est du pipeau.
Marie : Mais qu’est-ce que tu racontes, putain ? Explique, explique-moi ! Ce film, pourquoi ne l’as-tu donc pas aimé ? Serais-tu donc incapable d’émettre un jugement critique intelligible ?
Dzibz : J’ai eu l’impression d’être à la soirée diapos du voyage de noces de gens que je ne connaissais absolument pas. Devant l’Empire State Building, un personnage, voyant la longue file d’attente, décourage ses potes d’y entrer. A la place, ils se prendront en photo devant une photo du monument. J’ai vu le film à l’image de cette scène. Devant la difficulté de filmer New-York, la ville la plus fantasmagorique, et les chouettes aventures de frenchies sympathiques, les scénaristes ont baissé les bras, laissant le boulot aux acteurs, en roue libre, plus auteurs de private jokes que de réelles séquences humoristiques. Résultat, jamais on n’entre dans New York, bloqué derrière le présentoir à cartes postales.
Un blanc.
Et puis aussi, ils étaient dégueus, tes pop-corns salés.
La nuit tombe. »
Nous York, de Géraldine Nakache et Hervé Mimran, actuellement en salles :
C’était drôle (mieux que ta blague avec la famille). Je plussoie pour les popcornsalés, ta meuf n’a aucun goût