Comment Cinématraque a sabordé (pour de vrai) la bande-annonce de Paranormal Activity 4

Vendredi 19 octobre, il est 19h45. La séance de presse de Paranormal Activity, c’est à 20h, et je presse donc le pas, à Cour St-Emilion, en direction de l’UGC Bercy. Quelle idée d’envoyer les journaleux, habitués aux luxueuses et confidentielles salles élyséennes dans un multiplex à blockbusters… Tout ceci ne laisse rien présager de bon.

Les derniers hectomètres me laissent apercevoir de grandes banderoles, et des mecs en costard façon Matrix. Paranormal Activity, c’est sélect tu comprends, et c’est ici, manifestement. Des escaliers à gravir, puis une grande salle où l’on nous distribue une feuille…

 

En gros, signer la feuille nous interdit de filmer le film et les autorise à nous filmer pendant le film. Un truc sur-réaliste.

Puis, le souvenir des bandes-annonces des Paranormal Activity :

 

Et là le flash : PUTAIN ON VA ÊTRE DANS LA BANDE-ANNONCE.

En échange de la feuille dûment signée – Cinématraque, qu’est-ce que je ne ferais pas pour toi… -, une gentille fille habillée aux couleurs du film m’offre un joli goodie, un laser qui projette un 4 bleu sur les murs. Alors je pointe des murs, et ça m’amuse genre beaucoup. Ayant plus de 17 ans, les placeurs n’ont pas de mal à m’identifier comme journaliste, et m’installent sur les sièges dédiés, placés au centre de la salle : une petite cinquantaine de places réservées et inaccessibles au « grand public », constitué de gagnants de concours radio et autres « chanceux » de moins de 18 ans.

20h10, Elodie, suante, me rejoint au rang des invités : persuadée d’être à la bourre, elle a couru au sortir du boulot pour arriver dans les temps, afin de décrypter avec moi, et pour Cinématraque, ce chef-d’oeuvre sur le papier. Il faut savoir, c’est important pour la suite de l’article, que ses goûts à elle, Elodie, s’orientent plus vers le cinéma indépendant kosovar.

20h15, notre rang reste désespérément vide, les journalistes manquant a priori à l’appel.

Arrivent des gens, et des cris de jeunes, aussi. Ce sont des stars de la télé-réalité. Je fais d’abord semblant de ne pas les reconnaître, mais le fait est que ce sont Benoît et Thomas de Secret Story qui viennent de rentrer. Hystérie mitigée en moi, Elodie restant quant à elle indifférente : « qui c’est qui c’est qui c’est ? ». C’est amusé que je les regarde se faire alpaguer de toutes parts par des jeunes sur-excités. Suivent plein de gens de ce type d’émission que je ne (re)connais pas, cette fois, mais permettent aux cris de ne pas s’amenuiser. La salle est chaude, chaude, chaude, et les starlettes peinent à s’extraire des griffes de la plèbe pour venir nous rejoindre côté VIP.

Evidemment, lorsqu’ils se décident à bouger, c’est Cinématraque qu’ils remarquent, et la classe inaltérable de ses rédacteurs : leur place est à côté d’eux, à côté de nous. J’aurai donc Benoit pour voisin…

Passée l’excitation de voir ce véritable zigoto du PAF prendre ses aises à quelques mètres de moi vient l’appréhension : si ces starlettes sont là, c’est assurément pour le paraître. Et de fait, les photographes se ruent sur ces modèles très volontaires, et me chopent très probablement à chaque fois dans le cadre : il n’est donc pas du tout impossible que vous retrouviez votre serviteur dans vos magazines de coiffeurs, style Gala, Entrevue et j’en passe.

Les lumières s’éteignent, et déjà sur l’écran apparaît l’inévitable résultat de l’esprit vraiment chelou ayant imaginé cette soirée, des projections de 4 à l’aide des fameux lasers. Ceux-ci pourriront le film de manière récurrente, celui-ci comportant pas mal de fondus au noir et de scènes sombres.

Autre souci, source de stress intense, toutes ces caméras infrarouges pointées sur nous à l’extinction des feux. Le spectre des bande-annonces et du papier signé autorisant l’utilisation de notre image nous fait face, et il fait flipper. Sursauter sera fatal, c’est certain. Parce que le Benoît est un bon client, au premier petit sursaut, il hurle comme une fillette. Les caméramens se marrent, ils tiennent leur victime, pourvu que son voisinage suive, la bande-annonce sera chouette. Pour le moment, je suis moyen serein. je ne comprends pas grand chose à l’histoire, mais il est question d’un gamin maléfique, et ça j’aime moyen, même si j’en connaissais pas trop jusqu’ici à part Denis la Malice.

Derrière nous, un type n’a de cesse de s’exclamer « Holy shit ! », ou encore « C’est Katy, c’est Katy ! », lorsque le démon apparaît.

Je serre très fort le bras d’Elodie pendant la #nuit1, mais c’est insuffisant, j’esquisse mes premiers sursauts, mes premiers trépignements. Elle, très sereine, vit bien la situation, et se moque pas mal de moi.

On pense beaucoup à Kiarostami et son Like Someone in Love, où le procédé visait à ne filmer que le non dit, la réaction face à l’action, l’être plutôt que le paraître. Dans Paranormal Activity 4, le principe est toujours le même que dans le reste de la franchise, le film est un montage fait à partir de divers engins à filmer : webcams, caméras de surveillance & camescopes. Ici, tout le monde filme tout sans raison. Paranormal Activity, c’est donc l’anti-Like Someone in Love, se fait-on donc la réflexion.

Les caméramens s’affairent à la #nuit4, il va se passer quelque chose, c’est certain. Objectifs pointés sur nous, un gamin prend son bain depuis bien trop longtemps, il ne peut pas ne rien se passer. Sourires des caméramens, ça approche, c’est certain.

Le portable de Marie se met à sonner, très fort. Les gens râlent, se retournent, et le gamin meurt je sais pas trop comment. VOUS L’AVEZ DANS LE CUL LES CAMERAMANS. Benoît a râlé, Elodie déclaré : « En temps normal, je me serais sentie trop mal. Là, ça va. » C’te snob. Merci à elle.

Elllipse narrative, vous ne loupez rien, à part des démons invisibles.

Ultime séquence, nous sommes embarqués en caméra subjective dans l’antre du démon. Horreurs à profusion, les caméramens sont aux anges, les gens hurlent… sauf Elodie, explosée de rire.

Marie a donc, le temps des deux scènes clés, niqué la bande-annonce à venir de Paranormal Activity 4, et je crois que je n’ai jamais été aussi fier d’elle. Petit à petit lors de la scène finale, elle a contaminé la rangée de son rire puissant et à force d’hurler : « non mais ils sont sérieux là ?!? »

Il est vrai que le film est peu crédible, j’ai oublié de vous raconter l’histoire, niaise et improbable au possible.

Une petite famille accueille chez elle un gamin qui a une salle gueule et son ami imaginaire pendant que sa mère est hospitalisée. Au départ, c’est pour deux jours. Les deux premières nuits, seule la fille de la famille se rend compte que plein de trucs chelous se passent. Elle filme tout et le montre à son meilleur pote et son père. Les nuits passent et le gamin reste sans qu’on comprenne trop pourquoi. C’est quand même EXCEPTIONNEL que personne ne le jarte jamais, le môme, moi j’te lui foutrais une torgnole dans la gueule ça ferait ni une ni deux. Bon, ensuite y a des démons avérés et des trucs que j’ai pas trop compris.

Le film est surtout au film d’horreur ce que le porno est au film érotique, une succession gonzo de prétextes à faire sursauter dans la scène suivante. Ici, le plombier qui vient « lépaler la touyotelie », c’est la nuit, et la « jeune maman chaudasse », c’est tout ce qui a trait au paranormal. Ouais, parce que tout est un peu mélangé, on ne s’y retrouve pas : y a de démons invisibles, des démons visibles, des gamins hantés, des gamins pas hantés… Et à la fin tout le monde est un démon je crois mais je suis pas sûr.

Les lumières se rallument, Ayem s’exclame : « Et dire que maintenant va falloir qu’on aille dire du bien de cette merde. »

La pauvre, elle devrait écrire chez Cinématraque !

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8 thoughts on “Comment Cinématraque a sabordé (pour de vrai) la bande-annonce de Paranormal Activity 4

  1. Il y a un point que le contrat ne précise pas, tout de même : si une spectatrice, plus tard, accouche d’un enfant qu’elle portait déjà pendant la séance, est-ce qu’elle aura le droit de prendre des photos de lui sans l’accord de la Paramount ? Et plus largement, est-ce que l’enfant lui appartiendra ?

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