The Raid, le torture-porn à la sauce martial

Depuis la fin des années 70, il y a un genre qui passionne beaucoup les critiques français, le cinéma dit (vite fait) de Kung Fu. A relire les papiers de l’époque écrit par Charles Tesson, on meurt d’envie de prendre la Doloréane et de flâner sur les Grands Boulevard à la recherche du premier Bruce Lee. Avoir ce petit plaisir de voir la naissance d’une star, et d’un style où la performance fait parti de la mise en scène. Mais on est en 2012 et les voyages dans le temps n’existent même pas au niveau quantique. Alors on regrette de ne pas être né avant, ou à la rigueur de s’être fait refoulé à la sortie d’A Toute Epreuve car a 12 ans on peut tout voir en VHS mais pas grand chose au cinéma.

On le regrette car The Raid est un film daté, qui semble sortir des années après avoir été réalisé. Il aurait pu impressionner à une autre époque, là il n’est qu’épuisant. On ne trouve dans le film, pas un Bruce Lee, même pas un Jet Li. Le réalisateur a beau jouer la carte de l’hommage, ça ne prend pas. Ça ne prend pas, parce que si les combats sont maîtrisés, ils n’ont rien d’extraordinaires. Ça ne prend pas surtout parce qu’il y a un absent de taille dans ce film : un scénario ou au moins une petite intrigue alternative donnant un peu plus de profondeur à ces corps.

The Raid, c’est le torture-porn à la sauce art martial. Un peu à la manière de Saw, le film empile les corps, casse des membres, fait exploser la chair, juste pour le plaisir immédiat du spectateur qui rêverait sans doute d’infliger les mêmes choses a son patron, au mec de sa maîtresse et aux sarkozystes. The Raid est a Big Boss ce qu’est Une brésilienne au Trocadero à l’Empire des Sens. On peut admirer la prouesse des combattants, mais ça se limite ça. On reste, en effet, atterré par l’inconsistance du scénario et les facilités que se permet celui-ci. Ainsi les méchants, si l’on en croit le big boss, connaissent chaque recoins de l’immeuble, mais sont pourtant incapables de retrouver le héros lorsque celui se cache derrière un faux mur. Là, ce n’est pas le héros qui montre qu’il est futé, c’est le réalisateur qui prend les spectateurs pour des benêts. Sans doute est-ce ici la ficelle la plus grosse, mais ce n’est pas la seule malheureusement.

The Raid ne dépasse pas le stade du défouloir

Bref, on se demande où est le « meilleur film d’action depuis Matrix » (il faudrait revenir un jour sur cet usurpateur). Bien sur The Raid se laisse regarder et certaines scènes, comme dans tout porno, sont assez jouissives, il est énervant de voir autant d’énergies dépensées pour un tel résultat. Il faut arrêter de penser que les films d’arts martiaux doivent se contenter de poser leur caméra devant des athlètes. C’est mépriser autant le cinéma que la représentation des arts martiaux. Alors non, The Raid n’est pas le meilleur film d’action depuis Matrix, ni même depuis les « Il était une fois en Chine ». The Raid n’est qu’un film d’exploitation qui ne dépasse pas le stade du défouloir. Tsui Hark, John McTiernan ou même la fratrie Wachowski peuvent dormir tranquille.

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3 thoughts on “The Raid, le torture-porn à la sauce martial

  1. Et bien moi j’ai pris ce film comme un film de série B, je l’ai même vu en VOST c’es dire! Et j’avoue que je l’ai vraiment aimé, ce n’est clairement pas le meilleur film d’action depuis Matrix, mais j’ai passé un bon moment, et les athlètes sont pas mauvais du tout. Je mets un coup de matraque sur les chorégraphies, qui finalement deviennent redondantes, on revois les mêmes coups, le mêmes parades. Je mets un énorme coup de pelle retourné et acrobatique à l’acteur qui incarne le chef de la police, car il est confondant de nullité, on y croit pas du tout à son perso! Et le grand méchant reste aussi une blague à mon sens. Mais regardez-le, on passe quand même un bon moment je vous assure!

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